La lettre s’adresse à la mairesse de Montréal, Valérie Plante

Je suis, depuis toujours, cycliste à Montréal. Entouré de vélos depuis ma tendre enfance, j’ai grandi en roulant sur le mont Royal et en parcourant toutes les incroyables pistes cyclables et routes de notre métropole. Les vélos m’ont donné la liberté. Ils ont aussi changé ma vie. C’est en faisant la fameuse boucle du Grand Prix que j’ai commencé à rêver de devenir un jour cycliste professionnel. Avec un travail acharné et beaucoup de persévérance – et plusieurs ascensions de Camillien-Houde –, mon rêve est devenu réalité.

Depuis 10 ans, j’ai été témoin de plusieurs changements. Le vélo a bien sûr gagné en popularité comme sport et mode de transport. De plus en plus de gens profitent du simple plaisir d’une balade à vélo. Étant vous-même cycliste, Mme Plante, je suis convaincu que vous avez également observé la croissance marquée de ce magnifique sport. Vous avez sans doute aussi remarqué l’explosion de nouveaux cyclistes dans les dernières semaines. Les Montréalais se tournent plus que jamais vers le vélo pour profiter de la nature, rester en santé, se détendre et pallier la crise actuelle. Personnellement, je trouve ça merveilleux.

Je voudrais donc vous remercier pour ce que vous avez déjà fait pour les cyclistes à Montréal. J’ai vu votre projet d’ajouter cet été des pistes cyclables et des voies réservées, et je pense que c’est une excellente idée. Je suis très reconnaissant de voir que vous pensez à nous.

Je vous écris toutefois aujourd’hui parce que je crois qu’une autre crise est sur le point de se produire.

Alors que la vie reprend tranquillement son cours normal, et que de plus en plus de gens commencent à se rendre au travail et aux magasins fraîchement déconfinés, il y aura naturellement plus de circulation automobile. La construction ayant déjà repris ses activités, je sens que les trajets à vélo dans Montréal vont redevenir stressants incessamment.

Ma question est la suivante : que va-t-il se produire quand de plus en plus d’automobilistes vont rencontrer ce nombre croissant de cyclistes ?

Roulant dans Montréal depuis 10 ans, je comprends bien la frustration de ces automobilistes face aux problèmes de congestion. J’ai appris avec le temps et l’expérience à gérer ces derniers et à prédire leurs mouvements d’impatience, souvent brusques et sans analyse de leur environnement extérieur.

Cela dit, même avec mon expérience, je ressens de moins en moins de tolérance de leur part envers nous, les cyclistes. Que se passera-t-il lorsque ces mêmes conducteurs frustrés rencontreront des cyclistes qui sont nouvellement sur un vélo ?

Soyons honnêtes, vous savez autant que moi que nos routes laissent à désirer. Elles sont atroces. Même pour des cyclistes expérimentés comme moi, elles sont périlleuses et dangereuses. Que se passera-t-il lorsqu’un cycliste inexpérimenté devra naviguer lesdites routes ?

Trop de cyclistes ont déjà perdu la vie dans les rues de notre ville que, tous deux, nous chérissons. Je ne veux perdre personne d’autre.

Je suis bien conscient qu’il s’agit ici d’un problème complexe et qu’il n’y a pas de solutions faciles. Je sais aussi qu’il y a beaucoup d’éléments à considérer que je ne peux présentement comprendre. Ce que je souhaite est que vous pensiez aux gens que j’aime, à ceux qui essaient de rester en bonne santé et qui souhaitent renouer avec les plaisirs simples du plein air.

Pourquoi ne pas aller rouler ensemble pour en discuter ? C’est avec plaisir que je vous montrerais certaines de mes routes préférées à Montréal et la façon dont cette ville adopte le vélo. Une simple conversation est ce que je vous demande. Je peux aussi vous offrir quelques conseils cyclistes et accueillerai les vôtres avec plaisir. Je crois sincèrement que les vélos sont l’avenir et qu’ils sont vecteurs de changements. Montréal a le potentiel d’amorcer ce progrès du transport en société qui se veut une révolution planétaire.

Beaucoup de mes amies et amis et ma famille font du vélo, Mme Plante. Certaines des personnes que j’aime le plus au monde sont des cyclistes. Et tout ce que je souhaite est qu’ils puissent en profiter pendant encore longtemps.

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