Nous vivons une crise sans précédent. La pandémie teste notre résilience tout comme notre capacité d’intervention sur le terrain, là où les besoins sont les plus criants.

Elle révèle nos forces — nombreuses, dont l’exceptionnelle solidarité des Québécois —, mais aussi nos faiblesses, comme le montrent tragiquement les impacts de la crise sanitaire et économique sur nos citoyens et sur nos communautés les plus vulnérables.

Il faut s’occuper de notre monde, de ceux qui ont perdu leur emploi, qui ont mis temporairement la clé sous la porte de leur commerce ou de leur entreprise, de nos aînés qui n’ont pas mérité de finir leurs jours dans l’angoisse et l’isolement, et de nos jeunes déjà inquiets pour l’avenir. Nous avons besoin de nous retrouver, de nous aérer, de retisser nos liens entre voisins et avec la nature.

La crise nous déstabilise, nous pousse à repousser nos limites et à entrer en terrain inconnu. Elle nous incite à être créatifs, à nous remettre en question et à nous imaginer nous relevant plus forts, plus solides et mieux armés pour faire face à ce que l’avenir nous réserve encore, alors même que la crise climatique et la croissance des inégalités sociales font toujours partie de notre paysage. Elle nous permet de nous imaginer une nouvelle normalité plus verte, plus prospère et plus solidaire.

Répondre à la pandémie est la priorité du monde municipal. La crise crée des enjeux immenses de santé et de sécurité publique, de soutien économique et social aux personnes démunies. Nos services sociaux de première ligne, nos espaces publics comme les parcs et les équipements municipaux, nos services de voirie, de police et d’urbanisme sont directement mis à contribution.

C’est sur le plan municipal et local que se déploieront la plupart des mesures de relance, la réouverture des commerces et des services, les grands parcs, la reprise des transports collectifs et l’application des mesures de distanciation physique. C’est aussi à notre échelle que se vivront de nouvelles habitudes de vie et de consommation comme la recrudescence de l’agriculture de proximité et un retour vers les activités de voisinage à l’échelle des collectivités et des quartiers. C’est aussi là que nous devons resserrer le filet social – sur les plans du logement, de l’itinérance et du soutien envers nos enfants et nos aînés, notamment.

Déjà, le monde municipal a mis au jeu, par ses regroupements, de nombreuses propositions de nature à nous permettre une sortie de crise qui renforce les grands consensus économiques, environnementaux et sociaux auxquels nous sommes parvenus au cours des dernières années.

Avec les gouvernements

Ces propositions, ancrées dans la réalité de chacune des régions du Québec, doivent être appuyées par les gouvernements. Nous devons miser sur ceux qui habitent nos milieux et mettre en valeur les spécificités territoriales. La réduction des émissions de gaz à effet de serre tout comme le renforcement de notre tissu social doivent s’inscrire systématiquement dans notre grille d’analyse pour les investissements à venir, notamment sur les plans du soutien à nos artères commerciales et noyaux villageois, du développement des transports collectifs et actifs, de la réfection des routes, de la promotion de l’achat local, de la rénovation des bâtiments, de la mise en valeur du patrimoine, de l’aménagement d’écoquartiers, de l’embellissement d’espaces publics, de la construction et la rénovation de logements sociaux et abordables ainsi que de l’accès aux infrastructures numériques. Cette crise que nous traversons est aussi une occasion précieuse de miser sur le développement durable de nos milieux.

Le Québec tente des premières mesures de déconfinement. Nous travaillons tous à stabiliser nos vies et celles de nos collectivités. Bientôt, nous devrons aussi faire des choix sur les suites que nous voulons nous donner et créer ensemble une nouvelle normalité. La culture du dialogue social est une force et une source de fierté au Québec. Nous, maires et mairesses de plusieurs régions, ajoutons nos voix aux 15 leaders économiques, sociaux, syndicaux et environnementaux qui ont écrit récemment au premier ministre, François Legault, afin de proposer une relance solidaire, prospère et verte.

Cette vision, partagée par la grande majorité des Québécois partout au Québec, est aussi la nôtre.

Travaillons ensemble à la réaliser.

*Signataires : André Bellavance, maire de Victoriaville ; Caryl Green, mairesse de Chelsea ; Charles Breton, maire de Tadoussac ; Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet ; Jérôme Landry, maire de Matane ; Kathy Poulin, mairesse de Val-David ; Marc-André Plante, maire de Terrebonne ; Mathieu Lapointe, maire de Carleton-sur-Mer ; Maude Laberge, mairesse de Sainte-Martine ; Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau ; Normand Dyotte, maire de Candiac ; Philippe Pagé, maire de Saint-Camille ; Régis Labeaume, maire de Québec ; Valérie Plante, mairesse de Montréal ; Vicki-May Hamm, mairesse de Magog

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