Au mois d’août dernier, j’ai entamé mon parcours collégial avec un enthousiasme débordant. Depuis, le programme que j’ai choisi a comblé toutes mes attentes : des enseignants passionnés, des cours stimulants, mais surtout une atmosphère de classe incomparable.

En effet, les élèves de mon programme suivent tous leurs cours ensemble, contrairement à la norme au cégep, ce qui m’a permis de développer, en quelques mois, de très belles amitiés. Voilà maintenant neuf semaines que l’enseignement se fait à distance et, mis à part quelques soucis de connexion internet, j’ai eu le privilège de suivre des cours étoffés et bien dirigés qui m’ont gardée occupée.

Si ce n’était les cours, je pourrais m’accommoder de la formule en ligne pour la prochaine session. Or, l’école n’est pas que les cours. Depuis neuf semaines, je n’ai plus les rires qui parsemaient notre chimie ou nos cours d’art. Je n’ai plus la spontanéité de nos échanges, qui se perd dans le petit délai des plateformes de visioconférence. Je n’ai plus les discussions enflammées d’adolescents qui s’insurgent contre Platon. Je n’ai plus les câlins si bons pour le moral. Depuis août, je n’avais jamais été aussi heureuse, mais je pense à ceux pour qui c’était déjà difficile. Comment trouveront-ils la motivation de s’installer 15 semaines majoritairement en ligne pour étudier ?

J’ai maintenant presque terminé ma première année sur deux et j’espère ne pas devoir renoncer à ce qui rendait mon expérience humaine.

Je crois que les jeunes ont été respectueux des consignes jusqu’à maintenant, bien que la peur de l’attraper, pour nous, ne soit pas généralisée. Nous craignons pour nos parents, peut-être, nos grands-parents, certainement, mais les chiffres et les témoignages ne peuvent convaincre mon entourage et moi du grand danger qui guette nos corps juvéniles. Sans facteur de risque, les symptômes, bien que désagréables, ne mettent pas en péril notre vie. Or, les jeunes sont informés et la plupart comprennent avec beaucoup de maturité l’importance des sacrifices individuels au profit du collectif.

Il est toutefois impératif de considérer nos besoins, pour la prochaine rentrée scolaire, qui ne peuvent tous être comblés en ce moment. S’il était légitime, jusqu’à maintenant, de diriger les ressources gouvernementales vers les besoins les plus urgents, dans les CHSLD par exemple, il ne faudrait pas, dans les prochains mois, oublier la jeunesse ou minimiser l’impact de l’école virtuelle sur les jeunes. Les dernières semaines m’ont montré que s’il est possible de suivre des cours en ligne, les connaissances ne constituent qu’une partie de notre éducation.

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