Dix-sept ans. Rive-Sud de Montréal. Livreuse pour une pharmacie.

Quotidiennement, j’applique les précautions nécessaires afin de réduire les chances de propagation de la COVID-19 : distanciation physique, constant lavage des mains, aucun contact physique, désinfection de la voiture et des vêtements avant de retourner à la maison, etc. Et aujourd’hui, bing ! Une amie : « Viens-tu au McDo avec nous ? » Euh… Non. Il n’en est pas question ! On est en confinement, franchement ! 

Je signifie à mon amie qu’il s’agit là d’une proposition carrément stupide. Je lui rappelle que le but, c’est de ne pas sortir de chez nous.

La réponse que je reçois me sidère : « Non, mais c’est légal maintenant ». Euh… Non ! 

Bien sûr, sortir de chez nous n’est pas illégal, mais sortir de chez nous sans motif réel l’est. S’ensuit alors une longue conversation où je tente de convaincre mes amies (car, en fait, elles sont trois à aller au McDo) que c’est clairement une décision inconsciente qui ne respecte pas du tout les consignes gouvernementales. Leurs principaux arguments : les restaurants sont ouverts, donc allons-y ; les écoles primaires vont rouvrir, donc on a maintenant le droit de circuler ; et la ministre McCann a dit qu’on devait sortir pour le bien de notre santé mentale…

Honnêtement, je pensais que mes amies et moi faisions partie de ceux qui comprenaient bien les consignes de santé publique, mais finalement, il semble que non.

Oui, certains restaurants sont ouverts, mais c’est principalement pour fournir de la nourriture aux travailleurs essentiels comme les camionneurs ou faire de la livraison. Donc, aller au McDo pour chiller est carrément ridicule.

Ensuite, il me semble que M. Legault a été bien clair : « Certaines personnes peuvent penser que parce qu’on rouvre certaines écoles ou qu’on rouvre certaines entreprises, que tout est permis. Non. » Peut-être faudrait-il que notre premier ministre se le fasse tatouer sur le front pour que tous comprennent ?

Et enfin, oui, c’est important de sortir de chez nous pour s’aérer le cerveau, mais on parle ici d’aller marcher à deux mètres de distance et avec des gens du quartier. Dans le cas de mes amies, on est toutes assez loin les unes des autres. Ainsi, il y en a une qui est partie en direction du fameux McDo, situé à 27 km de chez elle, alors qu’une autre a plutôt parcouru 14 km. Je trouve cela tout à fait excessif comme moyen de gérer sa santé mentale. 

Je comprends que nos amis nous manquent et que FaceTime ne soit pas la meilleure façon de nous parler, mais de là à possiblement propager la COVID-19 d’une ville à l’autre, de s’y exposer inutilement, mais surtout d’y exposer les autres, je n’en reviens pas.

J’espère qu’il s’agit là d’un cas isolé. J’espère que les ados comme moi font tous véritablement attention, que ceux qui travaillent dans les services essentiels font tout en leur pouvoir pour ralentir la propagation de ce virus mortel.

Peut-être que c’est ça, le problème des jeunes. Peut-être qu’ils ne l’ont pas assez « dans la face » pour comprendre. Faut-il absolument travailler en pharmacie, en épicerie, en CHSLD ou en milieu hospitalier pour comprendre la peur d’avoir contracté la maladie, la peur de l’avoir transmise à une personne âgée, à notre père, à notre mère, à un client à risque ? Pour comprendre que chaque geste compte et que c’est seulement en tant que collectivité que nous réussirons à arrêter cette catastrophe ? J’espère que non, car ma déception n’en serait qu’exacerbée.

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