Le Parti conservateur ressemble aujourd’hui davantage au Bloc de l’Ouest qu’à un parti national. S’il veut que les électeurs lui fassent à nouveau confiance, il doit avoir pour ambition de représenter toutes les régions du pays.

Historiquement, le Parti conservateur repose sur une alliance entre divers groupes, notamment les nationalistes québécois (les bleus), les modérés ou les red tories, les populistes de l’Ouest et la droite sociale. Or, aujourd’hui, ce sont surtout les populistes de l’Ouest qui dominent le parti.

Le Bloc de l’Ouest

C’est ce que rappellent les députés conservateurs à l’origine de la Déclaration de Buffalo — qui dénonce le traitement réservé à l’Alberta par Ottawa — lorsqu’ils affirment que l’Alberta demeure la base électorale du Parti conservateur.

La fusion des progressistes conservateurs et de l’Alliance canadienne n’avait pas pour but de créer un Bloc de l’Ouest qui, à l’occasion, remporterait assez de circonscriptions en Ontario pour former un gouvernement. Elle avait pour but de créer le Parti conservateur du Canada.

Le fait que les conservateurs soient incapables d’élargir durablement leur base électorale crée un déséquilibre au sein du parti et de l’électorat conservateur, qui demeure marginal dans les grands centres urbains et dans certaines provinces.

C’est le cas au Québec, où les conservateurs n’arrivent pas à s’enraciner politiquement. Depuis 2006, le pourcentage du vote conservateur au Québec n’a fait que diminuer. Les conservateurs n’obtiennent même pas le tiers des votes.

L’opposition entre le Québec et l’Alberta nuit considérablement aux conservateurs.

Il est regrettable que deux provinces qui valorisent l’autonomie provinciale et la décentralisation soient incapables de faire alliance.

D’autant plus que Québécois et Albertains partagent la conviction que l’unité du pays ne vient pas d’en haut, du gouvernement fédéral, mais des provinces, des peuples et des citoyens.

Le rôle prépondérant des populistes n’aide pas non plus. Qu’il y ait un courant qui défend la majorité silencieuse et qui prône le pragmatisme en politique est crucial. Cela devient contreproductif lorsque les conservateurs sont perçus uniquement comme un parti populiste.

À cela s’ajoute l’influence du conservatisme américain qui dénature le conservatisme canadien. Les conservateurs n’ont jamais cru que l’État constituait en soi une menace aux libertés. Sinon, John Diefenbaker n’aurait jamais adopté la Déclaration canadienne des droits. Les conservateurs n’ont jamais cru qu’il fallait prôner uniquement le laissez-faire économique. Sinon, Brian Mulroney n’aurait jamais adopté la taxe de vente.

Qu’en est-il de la droite sociale ? Elle doit être respectée. Mais elle ne peut plus définir le Parti conservateur. Celui-ci doit affirmer que l’avortement et le mariage des couples de même sexe constituent des libertés fondamentales. Sans quoi il pourrait s’aliéner une majorité de Canadiens.

Que faut-il pour bâtir un parti national ?

En s’inspirant de John A. Macdonald et de George-Étienne Cartier, de John Diefenbaker et de Brian Mulroney, les conservateurs doivent offrir un projet d’unité nationale. Ils doivent démontrer notamment que le Québec et l’Alberta peuvent être des partenaires.

Ils ne peuvent se contenter de proposer des micro-mesures pour des groupes ultraciblés. Répéter ad nauseam que l’État devrait en faire le moins possible est davantage une posture qu’un programme politique.

Les conservateurs doivent offrir des solutions pragmatiques et une vision cohérente du pays.

Ils devraient proposer un projet économique qui conjugue une exploitation responsable des ressources naturelles et l’usage d’instruments de marché en matière environnementale.

Ils devraient proposer qu’on transforme le Sénat en Chambre des provinces où siégeraient des élus provinciaux et des représentants des Premières Nations et des Inuits. Cela renforcerait les institutions politiques fédérales et assurerait une meilleure représentation de toutes les provinces.

Ces projets communs n’aboutiront que si le Parti conservateur représente les intérêts de tous les groupes qui le composent et, en fin de compte, d’une majorité de Canadiens.

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