Voilà déjà plusieurs semaines que les Montréalais et l’ensemble des Québécois s’habituent à la « nouvelle norme » avec une résilience et une discipline admirables, à quelques exceptions près.

Voilà déjà plusieurs semaines que notre monde s’est arrêté, que nous ne voyons plus au quotidien nos collègues, nos amis, notre famille, et que garder le moral est pas mal plus difficile.

Voilà déjà plusieurs semaines que les rapports socio-économiques qui, pour le meilleur et pour le pire, donnent corps à notre société, sont limités et, dans certains cas, complètement à l’arrêt.

À la mi-mars, sans préavis, le gouvernement provincial a ordonné la fermeture de tous les services jugés non essentiels, avec raison, mais non sans contraindre de nombreux employeurs à mettre à pied, ne serait-ce que temporairement, de nombreux employés qui, du jour au lendemain, se sont retrouvés sans emploi et sans revenus.

C’est notamment le cas des propriétaires de bars qui détiennent un permis de restaurateurs et qui, contrairement à leurs confrères restaurateurs détenant un permis d’alcool, se sont vu interdire la possibilité d’offrir des services de livraison et de plats à emporter.

On se retrouve donc dans une situation absurde où un propriétaire de restaurant détenant un permis d’alcool peut vendre des repas et de l’alcool, mais où un propriétaire de bar détenant un permis de restaurateur ne peut pas vendre… des repas et de l’alcool !

Un seul et même service, deux types de fournisseurs différents, deux poids, deux mesures.

Dans le premier cas, le restaurateur détenant un permis d’alcool peut s’appuyer sur la livraison et les plats à emporter pour préserver une partie de ses activités, de sa main-d’œuvre et de ses revenus.

Dans le second cas, le propriétaire de bar détenant également un permis de restaurateur se voit contraint de cesser toutes ses activités, de renvoyer tout son monde et de tenter de survivre sans la moindre source de revenus, même si les coûts fixes (loyer, taxes, assurances, etc.), eux, demeurent dus à la proverbiale fin du mois.

Les employés, eux – des gens qui triment dur et dont les revenus reposent essentiellement sur les pourboires –, se retrouvent à la porte.

Certes, nos gouvernements ont agi rapidement et massivement. Et on leur dit bravo.

Le programme fédéral de subvention salariale et l’offre de prêts de 40 000 $ ont d’abord été offerts à tous les types d’entreprises, sauf les bars, avant que ces derniers ne soient inclus.

Cela dit, la subvention salariale est malheureusement inutile quand toute vente est interdite et, conséquemment, tous les salariés mis à pied, forcés de s’en remettre à la Prestation canadienne d’urgence au lieu de travailler.

Une solution

La solution réside à notre avis dans un assouplissement de la réglementation encadrant la vente de repas accompagnés d’alcool pour les propriétaires de bars détenant également un permis de restaurateur.

Permettons-leur de vendre des repas accompagnés d’alcool, exactement comme le gouvernement provincial permet aux restaurateurs de le faire.

Un simple décret de la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbeault, suffirait.

Que l’on nous comprenne bien, il ne s’agit pas ici d’encourager le vice, même si l’on notera au passage que Loto-Québec a rapidement développé ses services de vente de loterie en ligne !

Il s’agit plutôt de permettre à de petits entrepreneurs, qui ont souvent mis toute leur épargne et tout leur cœur dans leur établissement, de garder la tête hors de l’eau en nous permettant de profiter d’un bon moment, comme nous le faisions à une autre époque… quand il était encore possible de prendre un verre et un bon repas entre amis.

Ces petits entrepreneurs ne comptent pas les heures. Ils se démènent jour et nuit pour notre simple plaisir.

Ils mettent de la vie dans nos quartiers et font la renommée de notre métropole, de notre province et de notre peuple de « bons vivants » aux quatre coins du monde.

Notre hospitalité légendaire, c’est aussi celle de notre bar de quartier ! N’ont-ils pas eux aussi le droit à un coup de main en ces temps de crise ? Ils ne demandent pas la charité. Ils demandent simplement à ce qu’on les laisse s’aider eux-mêmes à nous nourrir et à nous remonter le moral.

Après tout, comme le dit lui-même le premier ministre François Legault : « Parfois, un verre de vin peut aider ! » Le moins que l’on puisse dire, c’est que là-dessus, nous sommes d’accord avec lui. En plus, si ce verre de vin vient d’un bar local…

Et vous, madame la vice-première ministre ?

On vous laisse le temps d’y penser, mais ne tardez pas trop, SVP.

Santé !

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