Je me posais la question quand je voyais nos soldats, hommes et femmes, partir en zone de guerre en essayant de consoler leurs enfants, leurs proches, et leur promettre que tout le monde reviendrait sain et sauf.

N’est-ce pas trop demander à quelqu’un de potentiellement sacrifier sa vie ? Je me le demande ces temps-ci quand je vois tous nos aidants se précipiter au péril de leur vie dans les foyers d’horreur de ce maudit virus. La réponse est qu’ils n’ont pas le choix, mais ils auraient pu l’avoir si on avait fait de la prévention. Je ne jette la pierre à personne en ces temps douloureux, tout le monde fait de son mieux.

Je félicite notre premier ministre François Legault pour en avoir pris la responsabilité, mais la vérité c’est que tous les gouvernements ont ignoré les appels de détresse du personnel soignant qui ne demandait pas qu’une augmentation de quelques dollars de l’heure, mais les moyens de soigner, soit d’autres soignants, beaucoup d’autres soignants, de l’équipement, bref, tout ce qui était nécessaire pour éviter les drames qui existaient dans tout le système de santé depuis longtemps déjà.

— Oui, mais Daaaaan, on n’a pas d’argent.

Je n’accepte plus jamais cet argument de quelque politicien que ce soit qui refuse de serrer la vis aux ultra-riches, par exemple en comblant les « loopholes », les échappatoires dans la loi de l’impôt qui permettent à ces ultras privilégiés de ne pas payer leur part d’impôt.

— Oui, mais Daaaaan, ce que tu demandes est impossible dans un contexte de mondialisation.

Bon, là je vais m’énerver. Les mêmes qui nous vendaient les vertus miraculeuses de cette mondialisation l’en rendent responsable maintenant... tout en continuant de nous la vendre. C’est quand même d’un cynisme inouï.

La crise de la COVID-19 agit comme révélateur. On tombe des nues. Bien sûr, ce virus provoque des drames, mais on ne fait aucun rapport avec ce qui est devenu l’habituel « bain par semaine », patates en poudres, etc. ?

On nous dit de rester confinés. Je le fais. Pourquoi ? Parce que je peux. Beaucoup ne le peuvent pas. Les sans-abri n’ont pas de chez eux et les refuges ne peuvent absolument pas respecter quelque confinement social que ce soit. Nos aînés sont abandonnés. Nos soignants n’ont pas l’équipement nécessaire, les hôpitaux manquent de personnel. Les gens des quartiers défavorisés meurent beaucoup plus que les autres, etc. Je ne ferai pas la liste des abandonnés aujourd’hui, j’en aurais pour des centaines de pages.

Après la crise du SRAS, les scientifiques nous avaient prévenus qu’il y aurait une épidémie encore plus grande, mais on n’avait pas les sous pour se préparer, semble-t-il.

Comme le disait Mafalda du génial bédéiste argentin Quino : « Il est où cet argent que les gens et les gouvernements n’ont plus ? » On le sait tous, il est dans la poche de quelques privilégiés. Une minorité de gens qui, mondialisation aidant, s’en est mis plein les poches au nom d’un libre-marché pas si libre que ça.

Quand j’étais jeune, l’effort de taxation des grandes compagnies était de près de 70 % de l’effort collectif, il n’est même plus de 15 %. 

Ce n’est sûrement pas un incitatif à faire rouler l’économie, notre argent est dans des paradis fiscaux... légalement. C’est mignon, on appelle ça l’optimisation fiscale… pour eux. Pour nous, ce sont les coupes de services. On crie maintenant, va-t-on encore l’accepter plus tard ?

Clairement, ce qui a été mondialisé, ç’a été le profit pour ces privilégiés et le déficit pour la société. La crise met sous lumière ce qui était déjà profondément injuste bien avant le virus. 

On dit tous qu’on n’oubliera pas, qu’on tirera des leçons de cette crise, mais le fera-t-on ? On l’a déjà dit tant de fois.

Les morts dans les CHSLD sont aux paradis fiscaux ce que les 15 heures d’attente sont dans les urgences de nos hôpitaux. Une contradiction flagrante de toutes nos valeurs humanistes. Sommes-nous humains seulement pendant les crises ou pouvons-nous l’être à l’année ? Est-ce trop demander ?

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