« L’amour ne se commande pas : n’aime point qui veut et le cœur ne se fixe pas toujours où il devrait. » Une citation d’Adrienne Maillet. Une romancière québécoise un peu beaucoup oubliée. Née en 1887.

Suis tombé sur un de ses livres, en faisant du ménage (comme on a le temps…). Pas vraiment du ménage ; ça ressemblait davantage à du délestage, mais toujours est-il que j’ai feuilleté le livre gris et humide, paru dans les années 1940.

L’automne dernier, il y a avait un problème de rats au poulailler. Beaucoup de ces bestioles. À cause de la nourriture des poules et des cochons qui y est entreposée. Ils sentent ça de loin. Ils grugent les murs et les portes, et creusent des tunnels pour entrer.

Vendredi, j’ai appris par un ami qui travaille dans ces choses, que des gens qui n’ont pas besoin des PCU ou du programme de l’aide aux entreprises allaient s’en prévaloir « parce qu’elles se qualifient aux critères d’admissibilité ».

Sais pas pour vous, mais vu d’ici, les deux ordres de gouvernements se démènent comme des diables dans l’eau bénite et semblent faire un véritable travail utile, urgent et humanitaire. Dans un contexte d’urgence.

On revient aux gens pour qui le gouvernement est un buffet.

Come on, les trous du cul. La situation actuelle n’est pas une injustice personnelle. Certains vont se prévaloir du système parce que c’est possible ; d’autres parce que rien ne l’interdit. D’autres encore, parce qu’elles en ont réellement besoin.

Au final, les personnes avec un véritable besoin recevront 2000 $ par mois. Et des gens aisés, avec des économies, des placements, des REER, des primes de pension, des rentes et autres bonis sociaux, recevront aussi 2000 $ par mois. Un autre, un médecin incorporé qui gagne dans les six chiffres élevés même en temps de crise, a déposé une demande pour l’aide aux entreprises. Il est admissible au prêt et l’obtiendra.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Vendredi, j’ai appris par un ami qui travaille dans ces choses, que des gens qui n’ont pas besoin des PCU ou du programme de l’aide aux entreprises, allaient s’en prévaloir « parce qu’elles se qualifient aux critères d’admissibilité », écrit Marc Seguin.

Ça chauffe dans le derrière, car ce sont de vraies situations qu’on m’a raconté (et j’épargne ici des professions pour ne pas nourrir, encore, la méfiance). Loin de l’idée de stooler ces gens, on se dit que le beau n’est jamais loin du laid.

Vite une camomille.

Pendant que les belles histoires s’offrent en parade à la tété, l’écrapout et le malheur deviennent de la chair criante à médias. Et les plus laides continuent de ramper en silence à travers le système, à la tombée de la nuit, comme des rats.

Il n’y a personne, dans les services gouvernementaux, qui va traquer ces fraudeurs de morale. Autrefois, on disait que le jugement viendrait d’ailleurs : du ciel. Ou du karma.

Vous savez quoi ? Personne ne sera puni dans l’au-delà. Et encore moins dans le quotidien.

C’est le revers de toutes les médailles qu’on aime se décerner. Certains devraient se garder une petite gêne.

« Pourquoi faut-il que le beau cache souvent tant de laideurs ? » C’est encore d’Adrienne Maillet. Parce que c’est comme ça.

M’en vais mettre du gaz dans le rotoculteur. Faire du bruit. Forcer. Bêcher la terre. Faire diversion.

« Le travail, quelle belle chose ! S’il n’existait pas faudrait l’inventer, ne fût-ce que pour anesthésier les ennuis. » C’est encore une citation de la même autrice.

Et faudrait donner suite à une immoralité narcissique par des subventions au travail et aux entreprises dont certains vont abuser ? Toutte va ben aller, qu’on se répète. Oui, mais jamais.

Quand y a de la gêne, y a pas de plaisir.

Les rats sont disparus. Poison à rat. Mais faut entretenir le mal à l’année. Parce qu’au moindre relâchement, ils reviennent manger la nourriture des autres.

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