Je suis née d’un milieu bourgeois, en 1955. Mon père était dentiste. J’étais une privilégiée. L’Europe à 17 ans, toutes les portes étaient ouvertes. Je suis devenue hippie, je me sentais unique et rebelle.

L’autorité devait implicitement être défiée. Mes parents, les professeurs, les dirigeants…

À 12 ans, j’étais mise à la porte de l’école privée pour indiscipline et toute ma vie, j’ai senti ce dôme un tant soit peu inconscient qui me protégeait.

J’ai passé l’hiver 2020 dans l’Ouest canadien à skier avec mon chum de 75 ans. Et à mon retour, le 12 mars, le plan était d’aller m’occuper de ma petite-fille pendant que la famille de mon fils préparait un déménagement prévu à la fin du mois.

Le 9 mars, je reçois ce texto de mon autre fils : « Salut. J’ai eu de la misère à dormir parce que je pensais à vous. Vous ne devriez pas être en train de faire des plans pour passer du temps avec vos petits-enfants en ce moment. Vous devriez être en train de planifier votre isolement. Chez les 70 ans et plus, le taux de mortalité de la COVID-19 est d’environ 10 %. »

Bon… pas de panique, le jeune ? Au fil des conversations, j’ai compris que la situation exceptionnelle allait me distancier de mes enfants et de mes petits-enfants. Je me suis toujours sentie privilégiée et jamais une situation collective n’avait influencé mes façons d’agir.

Oui, le verglas, que je n’ai pas vécu personnellement, j’ai aidé des amis dans le triangle ; le 11-Septembre, un choc, mais pas dans ma cour ; le sida, des proches, mais pas menacée personnellement.

Il y a quelques jours, le premier ministre a annoncé les mesures pour les plus de 70 ans : pas de sortie, pas de visite, restez chez vous ! Le premier réflexe : voyons donc, mon chum n’est pas un vrai 75 ans, il est sportif, actif, il n’a pas 75 ans dans sa tête…

Bon, d’accord, le questionnement… jusqu’à quel point vais-je défier l’autorité cette fois-ci ? 

La réponse est arrivée un peu à mon insu : nous allons suivre les recommandations à la lettre même si ça n’a pas l’air d’avoir de sens.

Nous sommes entourés d’experts qui nous conseillent de changer nos habitudes, qui nous conseillent une discipline pour éventuellement faire face à une crise. Le bon sens change de bord.

M. Legault, la décision est prise : nous suivrons les directives. Continuez ce travail de nous informer pour qu’ainsi, nous puissions faire face efficacement à cette pandémie historique. Je m’attends à d’autres mesures qui, à première vue, me sembleront insensées et exagérées. Je les appliquerai.

Ensemble, en gardant nos distances.

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