Ce n’est pas un secret, le dynamisme économique du Québec repose d’abord et avant tout sur la santé de ses PME. À preuve, 98 % des emplois du secteur privé au Québec sont issus d’entreprises de moins de 500 salariés. À l’échelle canadienne, les PME génèrent plus de 50 % du PIB et engendrent, globalement, la création de 75 % de tous les nouveaux emplois.

En contrepartie, les PME sont également les entreprises les plus vulnérables face aux périodes de soubresauts économiques et aux situations de crise, dont celles du blocus ferroviaire, de l’effondrement des cours du pétrole et de la propagation grandissante de la COVID-19 des dernières semaines.

Situation encore plus difficile, ces phénomènes surviennent au moment où l’économie mondiale étire un cycle de croissance économique qui dure déjà depuis longtemps, soit depuis près de 11 ans aux États-Unis et au Québec notamment.

Certains secteurs plus à risque que d’autres

Malgré le fait que l’Organisation mondiale de la santé vient tout juste de faire passer la COVID-19 au stade de pandémie, toutes les PME ne seraient pas touchées avec la même ampleur. Pour le moment, les PME du Québec n’ont généralement pas encore été touchées de manière importante par les contrecoups de la COVID-19.

Selon nos analyses faisant écho à plusieurs autres études, les premières PME qui seront touchées sont celles d’industries œuvrant dans les secteurs de l’événementiel, de la fabrication, du transport, du tourisme et de l’alimentation.

Ces impacts seront ressentis, soit directement par l’annulation d’événements, de spectacles ou de contrats commerciaux, ou indirectement par des perturbations liées à leur chaîne d’approvisionnement en produits finis ou en matières premières. Bref, plusieurs écosystèmes économiques entiers seront affectés.

Outre la préoccupation principale des dirigeants des PME d’assurer la santé et la sécurité de leurs employés et de leurs familles, le dénominateur commun de ces facteurs est qu’ils sont susceptibles d’affecter le niveau de liquidités des PME. Or, ces liquidités sont nécessaires pour assurer les emplois, maintenir le rythme de commercialisation et les initiatives en innovation.

C’est d’ailleurs ce qui avait été observé lors de crises antérieures, dont celle du SRAS en 2003, ou lors de périodes de contraction économique comme celle de 2008 : les investissements en innovation sont mis en veilleuse ou retardés par prudence ou par manque de liquidités.

Contrer le ralentissement de l’innovation

Le Québec est de plus en plus reconnu pour son expertise de pointe dans les secteurs des technologies de l’information, de l’intelligence artificielle et des jeux vidéo, mais également pour la force de son secteur manufacturier qui se distingue à l’échelle mondiale par sa capacité d’innover.

Pour les décideurs économiques, un ralentissement de l’innovation serait préoccupant pour une économie du savoir en ébullition comme celle du Québec.

Dans son budget de mardi dernier, le gouvernement Legault a adopté le C3i, un nouveau crédit d’impôt visant à stimuler l’innovation et l’investissement technologique des entreprises. Il s’agit d’une initiative intéressante qui s’ajoute à d’autres types de mesures de soutien des entreprises, incluant celles des programmes de crédits d’impôt liés à la recherche et au développement, au commerce électronique et aux titres multimédias.

Heureusement, le secteur des services financiers s’est développé considérablement au cours des dernières années au Québec. De grandes institutions financières et des firmes spécialisées réputées offrent aujourd’hui des produits financiers dédiés pour accéder d’avance à ces incitatifs gouvernementaux et ainsi dégager des liquidités additionnelles. Ces instruments financiers sont de plus en plus prisés par les entreprises puisqu’ils permettent d’accélérer la mise en marché de nouvelles technologies et de faire face à des situations plus difficiles.

Agir rapidement maintenant

Les analyses économiques publiées ces derniers jours par les firmes réputées à l’échelle de l’Amérique du Nord prévoient pratiquement toutes un ralentissement marqué de la croissance économique à court terme. Dans tous les cas, les deux variables inconnues de la crise sont sa durée et son ampleur.

Les PME qui traverseront le mieux les turbulences en cours et à venir sont celles qui seront parvenues à sécuriser dès maintenant leur accès aux liquidités nécessaires avant que les impacts financiers ne se fassent ressentir. Leur défi sera d’assurer la continuité de leurs opérations sans sacrifier leur capacité d’innover. Le milieu financier est prêt à soutenir les PME qui auront la sagesse d’agir rapidement pour protéger la santé de leur entreprise et la stabilité de leurs emplois.

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