Une fois par mois, un camelot de L’Itinéraire se joint à Débats pour se raconter, critiquer, s’insurger. Aujourd’hui, nous vous présentons une des plus anciennes camelots de L’Itinéraire, France Lapointe.

En 1994, au tout début de L’Itinéraire, je vivais encore à Jonquière, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Je venais de vivre une rupture amoureuse, de terminer une union de fait. Ça ne cliquait pas, on n’était pas faits pour vivre ensemble, c’est donc pour cette raison que j’ai décidé de déménager à Montréal.

Je préférais être dans une grande ville, à Montréal, où il y a de l’action. Ici, la vie est plus facile avec les transports, les activités, les festivals en été, les festivités d’hiver et l’accès aux ressources et services.

Pendant quelques années, j’occupais des petits emplois, rien de stable et de très payant. Je faisais des menus travaux ; du ménage dans une maison privée et dans un bureau. J’ai aussi été encarteuse au Journal de Montréal. J’insérais des publicités dans les journaux. C’était à peu près il y a 20 ans. Je continuais de chercher des emplois de ce genre, quelque chose à l’intérieur.

Un jour, j’ai fini par entendre parler de L’Itinéraire. On m’a dit que c’était un endroit pour faire des connaissances, trouver des amis, se faire de bons contacts. C’est comme ça que j’ai tenté le tout pour le tout. Je n’ai pas lâché et, aujourd’hui, je suis parmi les camelots les plus tenaces, une de celles qui sont ici depuis le plus longtemps. J’en suis fière.

J’ai commencé par vendre uniquement. Par la suite, deux ou trois ans après, lorsque nos locaux ont déménagé sur la rue Sainte-Catherine, j’ai commencé à écrire. C’est comme ça que je me suis mieux fait connaître par mes clients. Ceux-ci m’ont toujours donné de très bons commentaires par rapport à mes articles, mon sourire contagieux et ma bonne humeur.

Au fil du temps, je suis devenue la vedette du Plateau et cela me rend heureuse et augmente encore plus ma bonne humeur. C’est merveilleux  ! Il n’y a rien de trop beau. Depuis que j’écris, j’ai rédigé beaucoup de mots de camelots et quelques chroniques. Dans mes textes, j’ai parlé de l’itinérance, de l’environnement, de l’état des routes et d’autres sujets sur lesquels je continue à écrire.

Une belle évolution

L’Itinéraire que vous voyez maintenant n’a pas toujours été comme ça. Depuis que je suis ici, le magazine a beaucoup changé, beaucoup évolué. Quand je suis arrivée, la revue coûtait 1 $. Nos locaux étaient situés sur le coin d’Ontario et Amherst, aujourd’hui appelée rue Atateken.

Le nom d’Amherst n’est plus utilisé à Montréal, puisque c’est le nom de Jeffrey Amherst, un officier britannique qui a suggéré à l’un de ses colonels de distribuer des couvertures infectées de variole à un groupe de rebelles autochtones pour s’en débarrasser. Ce n’est donc pas seulement L’Itinéraire qui change, mais toute la ville  !

À mes débuts, le personnel était différent. Dans ce temps-là, c’étaient les fondateurs du magazine, Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson, qui étaient là. Plus tard, il y a aussi eu Serge Lareault, qui a réussi à trouver les locaux de L’Itinéraire que nous occupons maintenant.

À l’époque, nos locaux étaient bien différents. Le magazine n’occupait que le rez-de-chaussée de l’immeuble. C’est à cause d’une hausse du loyer que le magazine a déménagé. Maintenant, quand je passe devant cet immeuble, tout a changé. Ce grand local est maintenant occupé par des petits commerces tels une épicerie de fruits et légumes, un magasin de vidéos et un restaurant de sushis, entre autres.

C’est aussi au niveau des camelots qu’il y a eu des changements. Il y en a plusieurs qui sont partis d’eux-mêmes ; d’autres sont décédés. Il y en a aussi qui, comme moi, n’ont pas lâché et ont gagné de l’ancienneté.

En revoyant tous ces changements, je me sens heureuse d’avoir tenu le coup, de ne pas avoir lâché prise et d’avoir pris ma place dans cet endroit qui est en constante évolution.

Pendant un temps, j’ai été préposée à l’accueil du lundi au vendredi, en avant-midi. J’aimais être à l’accueil pour recevoir les nouveaux arrivants, recevoir nos futurs camelots et les guider vers la personne qui pourra leur attribuer un spot de vente. J’ai aussi guidé ceux qui avaient des rendez-vous avec le personnel et je leur ai donné un bon accueil.

Je suis fière d’avoir participé à l’évolution du parcours de L’Itinéraire !

L’Itinéraire est une voix unique dans le paysage médiatique québécois. Il donne la parole aux sans-voix, des personnes marginalisées, itinérantes ou à risque de le devenir.

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