En juin 2009, j’étais, comme plusieurs, enthousiasmé par le retour d’un propriétaire montréalais à la barre du Canadien de Montréal. J’avais été charmé par ses promesses de rendre l’équipe compétitive dans le plus grand respect des traditions et de l’histoire de cette prestigieuse organisation centenaire.

Plus d’une décennie plus tard, je suis déçu de la tournure des évènements, non seulement de la piètre performance des opérations hockey mais également de l’effritement progressif du sentiment d’appartenance des partisans québécois envers leur équipe causé par plusieurs erreurs stratégiques.

Après une participation mémorable à la finale de conférence à sa première saison (2009-2010), le rendement de M. Molson à titre de président ne répond pas aux attentes : cinq participations aux séries contre quatre exclusions, dont trois au cours des quatre dernières années. 

Nous pouvons analyser de tous les angles la contribution individuelle des Therrien, Julien, Gauthier, Bergevin et Timmins, mais la responsabilité première de la performance hockey incombe à Geoff Molson en sa qualité de président.

A-t-il les compétences suffisantes pour questionner certaines décisions du département hockey ? 

Depuis quelques années, l’équipe ne dépense pas autant que le permet le plafond salarial, se privant d’engager des joueurs de qualité qui pourraient faire la différence dans une course serrée aux éliminatoires. Est-ce une décision de hockey ou une décision d’affaires ? Bâtir une équipe de direction forte et décider de l’allocation du capital sont des responsabilités qui reviennent au président.

Représentation québécoise

La définition des valeurs et de la stratégie de toute organisation revient au président. Sous le règne de M. Molson, la représentation québécoise au sein de l’équipe a chuté drastiquement, ce qui est, selon moi, une mauvaise décision d’affaires et la création d’un malheureux cercle vicieux. Nous sommes tous conscients du phénomène de mondialisation du hockey et du fait que le Québec produit moins de joueurs, mais c’est difficilement acceptable d’en repêcher et conséquemment d’en aligner aussi peu. C’est sous-estimer le rôle identitaire et culturel de son organisation et minimiser son unicité.

Les Québécois, aussi nostalgiques et nationalistes soient-ils, veulent évidemment une équipe gagnante, mais ils désirent également des joueurs qui les représentent, qui parlent leur langue et qui se défoncent tous les matchs, fiers et conscients des traditions et de la riche histoire qu’ils défendent. Avec un peu de volonté, ce sont deux objectifs parfaitement conciliables. Plus un partisan s’identifiera émotionnellement à l’équipe, plus il deviendra un consommateur engagé et payant.

Voulant profiter d’un statut qu’il croyait monopolistique, Geoff Molson a cru qu’il pouvait hausser les prix des billets indépendamment de la performance de l’équipe sur la glace, éloignant ainsi les familles et la classe moyenne du Centre Bell. Cette politique d’écrémage fragilise l’image de marque de l’équipe.

À défaut de bien exécuter son mandat de président, Geoff Molson est en voie de créer un désintérêt qui se matérialise déjà au guichet, à la vente de produits dérivés et aux cotes d’écoute.

L’achat de l’équipe en 2009 fut une transaction extraordinairement rentable, soutenue par des revenus télé en forte hausse, satisfaisant certainement le rendement désiré par les actionnaires. Il est même possible que la valeur de l’équipe continue de croître malgré les déboires actuels de l’équipe aux niveaux hockey et stratégique. À défaut de rêver à une future Coupe Stanley, nous pouvons seulement espérer une prise de conscience de Geoff Molson sur sa performance à titre de président de l’équipe.

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