C’est janvier, alors c’est le temps des prévisions et autres souhaits. La semaine dernière, puisqu’on est dans la pensée magique, j’ai eu la confirmation que c’est possible qu’un arbre tombe dans la forêt sans faire de bruit. La preuve plus bas. Ça et de petites choses toutes simples.

L’année s’est amorcée avec une enfilade de mauvaises nouvelles. Une catastrophe n’attend pas l’autre. On se demande si les médias ont assez de place et d’effectifs pour tout relayer. Imaginez quand la saison des nids-de-poule sera là !

Je suggère une section réservée uniquement à « l’écrapout » dans les médias. On pourrait l’éviter plus facilement et ne lire que les bonnes nouvelles. Ou l’horoscope.

J’ai passé une partie de la semaine au pays de l’oncle Donald. Là aussi, ça s’enfile comme ailleurs. Jeudi matin, en plus des nouvelles de troisième guerre mondiale, on parlait beaucoup des nouveaux trains du métro de New York — fabriqués par Bombardier —, qui sont inadéquats, après un retard de production de 35 mois.

Le reportage suivant faisait état du président américain qui promettait de détruire l’Iran.

Il y a quelques jours, ma plus jeune (qui a une amie d’origine iranienne) m’a demandé combien de temps il restait au contrat de Donald Trump. J’ai répondu cinq ans.

Voici les explications. Ce n’est pas scientifique, mais humain. Suis un peu tanné de me faire dire, tous les jours, par tous les journalistes du monde, excepté ceux de Fox, que le gars est un faux cul, un cave, un enfant narcissique, un tricheur, un impulsif, un TDA…

Tous les gens à qui je parle aux États-Unis, ceux avec du pouvoir on s’entend, semblent satisfaits de sa présidence. Évidemment, c’est dit en chuchotant. Presque honteusement. A-t-on le droit de croire que cette présidence serait bénéfique pour leur pays ? On commence sérieusement à le murmurer. Même si l’homme est amoral et détestable. Hors de toute attente.

Pour les républicains, c’est acquis, ils pissent pour l’équipe. Ce qui a changé dans la dernière année c’est une croissance hallucinante d’approbation chez les démocrates. On semble s’être ravisé, discrètement. Because l’économie. Belle croissance, profits, protectionnisme commercial, création de richesse interne, sentiment patriotique…

Oublions le procès en destitution, qui n’est qu’un Disney World politique. L’homme que les journalistes aiment détester sera réélu en novembre prochain.

PHOTO RICARDO ARDUENGO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

« C’est 1300 personnes qui se sont mobilisées pour faire fermer Disney World, sortir les visiteurs et les touristes, pour que le président et quelques invités puissent aller voir Mickey Mouse. »

Tiens, parlant de Disney World. Une parenthèse. Une info importante. On va dire, pour des raisons légales de diffamation (hé… hé…) que j’ai fait un rêve l’autre jour : le président américain recevait des dignitaires étrangers (avec qui il est supposément en chicane) chez lui à Mar-a-Lago, en Floride, il y a quelques semaines. Un soir, au souper, un des invités dit qu’il n’a jamais visité Disney. N’en fallait pas plus. Hop dans Air Force One le lendemain matin pour Orlando, un vol de quelques minutes. Sécurité et état-major combinés, c’est 1300 personnes qui se sont mobilisées pour faire fermer Walt Disney World, sortir les visiteurs et les touristes, pour que le président et quelques invités puissent aller voir Mickey Mouse et la Petite Sirène. C’est pas merveilleux ?

Un geste humain, non ? Vous croyez que notre premier ministre canadien aurait la générosité de faire fermer une cabane à sucre et de la faire visiter, en privé, à des Chinois avec qui il y a conflit ?

On en rajoute une couche sur l’idée du bonheur (toujours dans mon rêve, je le rappelle) : imaginons que les visiteurs expulsés de Disney se soient mis à scander le nom de leur président avec dévotion et admiration. De quoi faire réfléchir les journalistes qui se réveillent la nuit pour le détester ; vaudrait mieux égrener un chapelet pour faire passer le temps jusqu’à l’avenir !

À la lumière des bulles d’air au cerveau et des rêves que je fais (un clin d’œil ici), il sera réélu l’automne prochain, même si toutes les tribunes médiatiques du cosmos nous disent qu’il n’est pas une belle personne.

En fait, le seul doute qui tient toujours la route, et ça ne vient pas des ennemis jurés de la vérité (les journalistes) ; c’est la première fois, en 13 ans, que je vois autant d’affiches « à louer » à New York. Ça, et le marché de l’art qui ne sait plus où donner de la tête, est enflé jusqu’à péter.

Ça ressemble drôlement à 2007-2008, où une crise économique allait ébranler la foi financière de l’Amérique. Il n’y a que ça qui pourrait fragiliser sa réélection.

Je rappelle que je ne suis pas journaliste, ni sondeur, ni économiste. Mais ça commence drôlement à ressembler au même paysage.

J’ai trouvé une autre façon de faire en sorte qu’un arbre ne fasse pas de bruit quand on l’abat : on n’a qu’à garder la scie mécanique à pleins gaz. Il y a un son qui en couvre un autre, et la magie opère. Alors oui, c’est possible.

Je suggère de prendre son mal en patience. Et de trouver des nouvelles réjouissantes un peu plus souvent. Vous souhaite une belle année. On va commencer par se dire qu’on gagne un peu de lumière chaque jour. C’est tout simple et ça console du reste.

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