« 23 décembre, salut ti-cul, on se reverra le 7 janvier ! » Grande nouvelle : on a rappelé tout le temps des Fêtes de ne pas fréquenter les urgences du CHUM. Tout le monde souhaitait y passer le réveillon.

Joyau du système de santé, le CHUM, vraiment ? Parmi les plaisanteries idéologiques du Truman Show de la Révolution tranquille : les urgences bondées, la grippe imprévisible d’année en année, les aires de débordement…

Les hommes marchent sur la Lune en 1969, au CHUM en 2019, un tuyau éclate et la montgolfière de la facturation rapide se dégonfle. La ministre de la Santé, Danielle McCann, ne se déplace pas pour constater l’ampleur des dégâts ni le nombre de malheureux. Combien de personnes sont retournées chez elles sans recevoir le moindre soin ? 

Au Québec, des urgences qui plantent ne sont jamais une crise éthique. C’est bien ancré dans les mœurs et l’indifférence du bien portant.

Quatre-vingt-dix minutes, qu’ils disaient. Ça a toujours marché de même. Ça aurait été Gertrude, ça aurait été pareil. Il ne s’agit que de malades, après tout, de vieillards et d’enfants qui souffrent. Y votent pas. Et dire qu’on pensait qu’un CHUM, c’était un chum ! 

Faut dire que lorsque les urgences du CHUM fonctionnent à plein régime, elles ne fonctionnent pas le diable. Le triage hypocrite, les écrans qui ne révèlent jamais le nombre de médecins en poste ni lesquels. Pas de nom, les enfants de tous âges attendent repliés sur leur douleur devant le rideau du théâtre des marionnettes. Chez McDonald’s, on peut suivre le temps d’arrivée de son café, mais 16 heures plus tard, parmi ceux qui se tortillent sur une chaise sale, on ne peut toujours pas connaître son rang de quêteux.

Il fallait voir Christian Dubé, matamore descendu du ciel, sorti comme un pied d’athlète du bas de laine de la Caisse de dépôt, faire des courbettes de laquais devant Diane Francœur, présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Une sainte femme qui, par beau temps, fait des césariennes à Amqui.

C’est pas demain qu’on va civiliser la médecine québécoise. La démocratie ne pèse pas lourd devant les seigneurs des actes à la cenne.

Les health lords qui se partagent entre eux les nouvelles enveloppes de millions toujours neufs arrondis à la hausse, le butin de guerre des rattrapages et autres « guédis » sortis de la tête des sous-ministres affidés. On l’avait fait pour les entreprises d’amiante avec la loi anti-scab.

Derrière le sacro-saint principe de gratuité et d’universalité sont cachés les fédérations médicales, les syndicats de millionnaires bien gentils individuellement, mais bien cupides lorsqu’ils chassent en bande greillés de leur prime jaquette, leur agence de voyages pour la Thaïlande et le reste des crachats conventionnés qui rappellent les sinistres privilèges de l’aristocratie française.

On peut bien ne pas vouloir de médecine à deux vitesses, encore faut-il qu’elle en ait une « vitesse », et pas seulement celle des croisières de la formation continue. Dès que Guy Lafleur aura repris son souffle, parions qu’il reviendra en conférence de presse entouré de médecins du CHUM pour les remercier.

La récupération idéologique n’a pas de scrupule, surtout qu’il y a des porte-parole, des cadres pour pisser à l’oreille des médias.

On a un maudit bon système de santé ! Il faut juste pas être malade (ni vieux ni enfant non plus). Le vieillissement de la population a le dos large. Lorsqu’apparaîtra au grand jour le décalage croissant entre les salaires versés et les services rendus, serons-nous capables d’un post-mortem collectif du système de santé québécois, du fonctionnement de la RAMQ ? Qui pourra évaluer toute la souffrance inutile d’un peuple crédule dans les urgences bancales et les consultations bidon ?

Le Québec entre dans sa phase de « purification générationnelle ». Les enfants élevés par Passe-Partout vont se venger des vilaines polyvalentes pas de fenêtres, des cégeps à Socrate, de la DPJ des restes-avec et du reste des mammouths postsoviétiques. En tout cas, ça ne ressemble pas aux beaux épisodes de 24/7 à Télé-Québec.

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