La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et le gouvernement du Québec ont conclu une entente qui inaugure une nouvelle ère de collaboration.

J’appelle mes collègues, plus de 10 000 médecins spécialistes actifs partout au Québec, répartis dans 35 spécialités médicales, chirurgicales et de laboratoire, à relayer cet esprit de collaboration même si le chemin qui y a mené a été difficile.

Il est indéniable que le gouvernement a forcé le jeu en imposant la renégociation d’un contrat dûment signé et valide jusqu’en 2023. Nous aurions pu nous braquer. Nous avons décidé de collaborer. 

La nouvelle entente permettra des économies sur quatre ans de 1,6 milliard à même l’enveloppe budgétaire globale des médecins spécialistes. Un des moyens d’y arriver sera la création d’un Institut de la pertinence qui doit générer à lui seul près de 240 millions d’économies récurrentes. Certains doutent de cette approche. Elle répond pourtant à un problème bien réel des systèmes de santé d’aujourd’hui : l’abus de procédures médicales. 

Aujourd’hui, bon nombre de patients qui entrent chez le médecin se sont « autodiagnostiqués » sur l’internet. Et c’est rarement bénin ! Souvent, ils insistent pour obtenir cet examen, et celui-là et cet autre. Vis-à-vis des gens informés et inquiets, les médecins, qui craignent des poursuites en cas de refus, allongent les demandes de référence à des collègues. La même situation est vécue partout dans le monde. En outre, le réseau québécois se prépare à ouvrir grand la porte aux infirmières praticiennes spécialisées qui pourront, elles aussi, demander des tests diagnostiques chez des médecins spécialistes. 

La pertinence médicale partout dans le monde 

Les systèmes de santé les plus performants du monde se sont tous donné des systèmes d’aide à la décision pour repérer et réduire les demandes de consultation inutiles qui alourdissent le système, génèrent des coûts inutiles et nuisent à l’accessibilité à des services véritablement requis.

L’Institut de la pertinence, qui sera notamment inspiré de l’approche ontarienne, sera ce guide du bon usage des tests, examens et traitements. Parfois, il informera les médecins qu’une nouvelle analyse sanguine peut remplacer une douloureuse biopsie ; parfois, il dira que les dernières données issues de la recherche rendent futile une échographie annuelle après un certain âge…

Il y a 1000 situations où une réflexion bien menée sur la pertinence des soins et traitements pourra réduire les coûts, limiter les inconvénients aux patients et améliorer l’accès aux services. 

Cet Institut de la pertinence est donc… très pertinent. Il reflète l’esprit de la nouvelle entente : mieux collaborer pour mieux soigner plus efficacement et à meilleur coût, et assurer à long terme la pérennité du réseau de la santé. 

Et en plus, la technologie 

Les médecins spécialistes sont déjà engagés dans le déploiement de nouveaux plans de couverture en obstétrique et en chirurgie générale. Nous voulons améliorer l’accès aux services de médecine spécialisée en région ; assurer une présence aussi souvent que possible, mais aussi mettre à profit les possibilités technologiques d’aujourd’hui pour offrir davantage de solutions de téléconsultation et de télémédecine. Nous voulons qu’on accélère, qu’on aboutisse enfin avec l’informatisation des dossiers patients. Pour les médecins spécialistes qui travaillent souvent dans différents établissements, il est intolérable que l’accès aux dossiers soit si pénible. 

Imaginons qu’en plus de la pertinence, l’apport de la technologie permet aux médecins spécialistes de disposer de plus de temps avec leurs patients. Lors d’un quart d’heure actuellement, 10 minutes sont utilisées à extraire le dossier du système informatique ! C’est sur de tels enjeux que les médecins spécialistes veulent se concentrer. Et l’entente avec le gouvernement nous permettra de nous y consacrer sans arrière-pensées, dans un climat de confiance retrouvée et de respect mutuel. 

Nous avons été formés par les Québécois et nous soignons les Québécois. C’est notre plus grande fierté.

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