Les mesures de parité instaurées ces dernières années par la SODEC, Téléfilm Canada et d’autres institutions n’ont jamais fait l’objet d’un débat ouvert. Pourtant, il y avait et il y a encore de bonnes raisons de s’y opposer.

On répète un peu partout que les réalisatrices (on a peu parlé des femmes scénaristes) étaient discriminées. Ou sous-représentées. Le discours change en fonction du contexte, mais beaucoup estiment que la fin justifie les moyens.

Pourtant, même les plus ardents défenseurs de la discrimination dite positive reconnaissent qu’elle ne peut être juste que si elle corrige une discrimination existante.

Ceux qui ont mis en place ces politiques se réfèrent surtout aux études du regroupement Réalisatrices équitables. Or, si ces études ont montré que plus de films de fiction étaient réalisés par des hommes et qu’ils avaient en moyenne de plus gros budgets, elles n’ont pas démontré qu’il y avait discrimination.

On avance qu’il y aurait parité parmi les diplômés en cinéma des dernières années et que le financement devrait refléter cette réalité. Mais il y a eu davantage d’hommes diplômés dans les dernières décennies et ils sont plus nombreux à travailler en réalisation.

En ce sens, ces politiques vont mener, si ce n’est pas déjà fait, à une surreprésentation des femmes dans le financement par rapport à leur présence réelle dans l’industrie.

C’est le cas en particulier pour celles de Téléfilm Canada qui visent un portefeuille équilibré dès l’an prochain.

Pour ce qui est des budgets, quelques réalisateurs qui ont connu le succès en salle ou dans les festivals peuvent obtenir des sommes importantes et faire monter la moyenne chez les hommes. Mais pour des projets et des parcours comparables, rien ne démontre que les hommes obtiennent davantage de fonds.

L’absence de parité dans le financement du cinéma de fiction n’est pas une injustice qu’il faudrait corriger au plus vite. Elle s’explique en bonne partie.

Seule l’existence d’une discrimination systémique pouvait justifier moralement ces politiques et on a encore beaucoup de mal à la démontrer.

C’est la principale raison pour laquelle on devrait s’y opposer, mais pas la seule.

On prétend s’attaquer à des privilèges, mais ces mesures affectent peu les réalisateurs et scénaristes masculins les plus choyés par le passé. Il y a des gens qui passent devant tout le monde, mesures de parité ou pas.

Une compétition injuste

Aussi, le cinéma de fiction est un domaine hautement compétitif et la multiplication des avantages pour les femmes rend la compétition de plus en plus injuste. Il y a des formations, des activités de réseautage et du mentorat réservé aux femmes depuis au moins deux décennies et des organismes qui n’acceptent que les femmes comme membres de plein droit. S’ajoute maintenant un favoritisme dans les compagnies de production, dans les programmes de financement, dans certains festivals, des prix…

On prétend corriger des injustices du passé, mais l’égalité des chances est valable pour chacun et chacune d’entre nous, au présent.

Il y a bien des gens dans le milieu du cinéma qui s’opposent à ces mesures, au moins en partie, mais personne n’ose même exprimer des réserves publiquement.

Il faut dire que, même en dehors du monde culturel, le débat semble presque impossible. Certains ont décrété que c’était indiscutable. Pourtant, forcer la parité oblige à une forme ou une autre de discrimination fondée sur le sexe et nous avons des lois qui interdisent la discrimination. Non seulement la discussion est nécessaire, mais elle devrait être incontournable.

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