Quel retournement au congrès extraordinaire du Parti québécois à Trois-Rivières dimanche dernier ! Quelle ironie aussi ! Hier vilipendée par le PQ, Martine Ouellet est maintenant réhabilitée en son sein !
On se refusait même chez les péquistes, l’an dernier, à se montrer en sa présence, horrifiés qu’elle usât du terme « République du Québec », terme qui figure pourtant dans l’article premier du programme du PQ. 

Après avoir joué longtemps les funambules sur cet article, indépendantiste auprès des militants, mais provincialiste et attentiste auprès de l’électorat, voilà maintenant que le PQ met l’indépendance au premier plan. La proposition principale du congrès stipule en effet que l’action politique du parti sera désormais centrée sur « la fondation d’un pays, non pas sur la gestion ordinaire d’une province ». Cette proposition a été adoptée à l’unanimité.

Pour avoir justement combattu le provincialisme du PQ, la pasionaria de l’indépendance assumée avait dû subir un torrent de sarcasmes et d’attaques ad hominem.

Voilà maintenant que l’idée phare de Martine « la pas fine », la cible de pistoleros sans retenue, est réhabilitée.

Le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé, reconnaît maintenant que son ex-collègue Ouellet « a raison à bien des égards » dans la stratégie de mettre de l’avant l’indépendance. Qui plus est, celui, parmi d’autres, qui l’avait durement critiquée à l’émission Les ex, l’actuel chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, reconnaît maintenant que « sur le fond, elle n’avait pas tort ». 

Étonnant, quand on se rappelle que le nouveau chef du Bloc n’avait vraiment abordé clairement la question de l’indépendance qu’à la toute fin de la campagne fédérale. Lui aussi, comme tous les tricksters péquistes, a joué de l’ambiguïté dans cette campagne, balançant entre les intérêts de l’Assemblée nationale du Québec et l’autonomisme de la CAQ.

La stratégie équilibriste

Il fallait le voir, en héritier des anciens danseurs de corde, manier l’esquive sur le projet de troisième lien à Québec (« Je ne suis pas pour, je ne suis pas contre », a-t-il dit à Céline Galipeau en entrevue) et sur le projet gazier du Saguenay (GNL Québec). On se colle sur la CAQ quand ça nous arrange, mais dans le cas contraire, on esquive en s’en remettant, comme les autres chefs fédéraux l’ont fait en campagne, aux autorités compétentes. Ambiguïté, quand tu nous tiens !

Il y aura donc, si je comprends bien, un Bloc québécois dont le chef reconnaît que l’indépendantisme assumé et affiché par l’ancienne cheffe est juste, mais en même temps un Bloc québécois non indépendantiste qui s’est par ailleurs grandement appuyé sur la CAQ pour se faire élire au fédéral, et finalement un PQ maintenant résolument indépendantiste, mais ouvert à tout sympathisant (de gauche ou de droite ?).

Devant un tel embrouillamini, la position de Martine Ouellet ne peut qu’apparaître la plus limpide. L’ancienne cheffe du Bloc a été l’an passé la victime expiatoire d’un rituel de conjuration des tricksters péquistes pour avoir trop mis en lumière leur double discours destiné à séduire les électeurs et espérer prendre le pouvoir. Le résultat des dernières élections provinciales a cruellement révélé la faillite de cette stratégie équilibriste. Madame Ouellet mérite des excuses.

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