L’heure a fait son temps ! La nuit de samedi à dimanche, sur toutes les horloges au Canada, on a reculé l’heure. Nous sommes passés alors à l’heure dite « normale ». Quant au débat sur la pertinence de ce changement, on y reviendra. 

Toujours est-il qu’aujourd’hui, j’ai demandé à quelqu’un : 

— S’il vous plaît, monsieur, avez-vous l’heure ? 

— Bien sûr ! Il est huit heures et demie.

— Avez-vous deux minutes ? 

— Non, j’ai pas le temps !

La réalité (et il ne faut pas chercher midi à quatorze heures), c’est que tout le monde a une montre, mais personne n’a le temps.

Chacun sait son heure et nul ne sait son temps. Pourtant, nous avons tous une heure du lunch, une heure d’ouverture ou de fermeture, une heure de départ ou d’arrivée, une heure en avance ou en retard, etc. Mais du temps, oui, du temps, personne n’en a plus en ces temps modernes. À quoi ça sert de gagner une heure si ensuite on la perd en futilités du genre : « Tu gagnes combien de l’heure ? »

On se préoccupe du temps qu’il fait, de celui qu’il fera, du temps qu’on perd, de celui qui presse, du « temps, c’est de l’argent », mais qu’en est-il du vrai temps ? Du temps que l’on prend ? De celui que l’on se donne ? Du temps précieux ? Qu’en est-il du bon temps ? Je parle du bon vieux temps, pas des temps anciens.

La seule chose qui manque à notre emploi du temps, c’est la case temps libre, le temps à autre, le temps d’attente, de réflexion ou le temps en temps.

Certains veulent instantanément avoir ce qui, normalement, arrive en temps et lieu. L’on veut tout, tout de suite, sans perdre une minute de notre temps. Mais une minute, ce n’est pas du temps, car le temps, le vrai, n’est pas une durée. Le temps, c’est un moment, c’est l’espace temps et la qualité du temps que l’on donne à sa minute. Car il faut bien le dire, une minute peu paraître une éternité lorsqu’on passe un mauvais moment.

L’heure recule, certes, mais l’heure est grave, les amis ! Dorénavant, il faut se donner du temps, un temps d’arrêt, un temps des vacances, un temps de raison, un temps pour rien, oui oui, il y a un temps pour tout ! Il faut l’avoir, ce temps, il faut le prendre. Sinon, on se perd d’heure en heure, et avant longtemps, on deviendra tous des esclaves de l’heure, des robots à l’heure de pointe.

L’heure a sonné pour qu’une fois, l’on arrête de vouloir faire de 100 à l’heure un temps record. Alors, à 2h dans la nuit de samedi à dimanche, avez-vous reculé l’heure ? Et surtout, n’oublions jamais que l’heure, même reculée, avance. Tandis que le temps lui, ne recule pas. Le temps n’a pas d’heure.

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