Il y a 100 ans à Paris, alors que les vainqueurs de la Première Guerre mondiale négociaient le traité de Versailles, un premier ministre conservateur insista pour que le Canada négocie en son nom. Sir Robert Borden était convaincu que le Canada avait l’obligation de jouer un rôle dans les affaires mondiales.

Il y a 50 ans à Washington, un ancien premier ministre libéral a défini pour toutes les nations la mission de l’aide internationale. Un rapport de Lester Pearson, rédigé pour la Banque mondiale, spécifiait que l’assistance au développement devait être le principal outil de croissance économique, d’égalité et de stabilité dans un monde encore en pleine guerre froide.

Depuis des générations, les Canadiens ont donc façonné le monde qui les entoure, contribuant ainsi directement à la sécurité et à la prospérité dont nous avons joui depuis des générations.

Pourtant, lorsque nous regardons la campagne électorale qui vient de se clore, nous serions bien loin de nous en douter. 

Les dirigeants des partis se sont principalement affrontés sur des questions nationales.

Les électeurs sont anxieux à la vue d’un président américain capable d’abandonner ses alliés et de déchirer des accords dont dépendent les intérêts du Canada. Les Canadiens sont furieux que la Chine ait arrêté nos concitoyens dans le seul but de mettre de la pression sur Ottawa. Plusieurs sont aussi inquiets parce que la destruction environnementale met en péril notre avenir à tous. Malgré cela, les débats électoraux ont plutôt tourné autour de qui peut donner plus d’argent aux personnes vivant dans les banlieues des grandes villes canadiennes.

Des risques, des défis

Il est vrai que certains citoyens préfèrent que l’on se retire de la scène internationale en vue des grands dangers. À d’autres époques de notre histoire, les Canadiens ont aussi été tentés par l’isolationnisme.

Borden a été confronté à cette situation à la suite de la Première Guerre mondiale. Notre nation avait fait de terribles sacrifices et certains ne se croyaient pas capables d’affronter les forces totalitaires qui montaient en puissance dans les années 1920. Mais plutôt que d’abandonner, Borden a plutôt créé une organisation capable d’éduquer les Canadiens au sujet d’enjeux mondiaux dans le but d’obtenir leur soutien pour mieux leur faire face. Aujourd’hui, le Conseil international du Canada est engagé dans un dialogue avec les citoyens dans 15 villes à travers le pays.

C’était aussi la situation dans laquelle Pearson se trouvait lors des heures les plus noires de la guerre froide. Alors que les nations de l’hémisphère Sud étaient confrontées à l’instabilité et à la violence, causant des flux de réfugiés et de vives colères dues aux inégalités, beaucoup de Canadiens pensaient que nous ne pouvions avoir qu’un impact minime sur la situation. Pourtant, Pearson s’est appuyé sur ses connaissances des dynamiques de pouvoir et des acteurs qui les exercent, et a montré comment mettre en commun notre puissance économique afin de stabiliser le monde.

Ces deux ingrédients essentiels au leadership mondial — un public mobilisé et des Canadiens en position d’influence sur le plan international — sont toujours présents aujourd’hui.

Canada Global noue des liens avec des Canadiens en position de pouvoir à travers le monde parce que ce groupe croit que tous les acteurs, dont le secteur privé, les universités, les entrepreneurs sociaux et les philanthropes, peuvent contribuer à un monde prospère et bien gouverné.

Cette semaine, des Canadiens de tous les horizons de notre société — des activistes aux anciens premiers ministres, des étudiants aux leaders dirigeants d’organisations internationales et de grandes entreprises — se rassembleront à Toronto. Nous débattrons des manières dont le Canada peut jouer un plus grand rôle dans un monde qui fait aujourd’hui face à de nombreux enjeux et comment nous pouvons rassembler nos énergies pour jouer ce rôle.

Le Canada peut bénéficier de ses ressources — son pouvoir de persuasion et son pouvoir de coercition, ses capacités économiques et militaires ainsi que ses énergies intellectuelles et créatives. Nous devons les utiliser afin de façonner un monde dans lequel le Canada peut redevenir une force internationale au service du bien des citoyens d’ici et d’ailleurs.

Bien qu’ignorés lors de la campagne électorale, les Canadiens qui ont à cœur notre influence à l’international vont de l’avant. Il est temps que toute la classe politique, peu importe le parti, mette au profit la force collective que notre pays représente.

Comme nous l’avons fait en 1919 et en 1969, le Canada peut faire de notre monde un endroit plus ouvert à nos intérêts et à nos valeurs. Il est temps de suivre le chemin de Borden et Pearson.

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