Ce n’est pas encourageant, mais pas du tout. Ce n’est pas avec un mois du piéton comme celui qu’on vient de passer que l’on va progresser sur l’enjeu de la sécurisation. 

Au contraire, à coups de campagnes de sensibilisation fantoches qui continuent de tabler sur la responsabilisation individuelle (des piétons, évidemment !), on fait du surplace.

Pourquoi ? Eh bien, parce que pendant que l’on affirme au moyen de publicités parfois assez douteuses sinon insultantes (clin d’œil à la SAAQ) que comme piétons, nous devons traverser « aux bons endroits » (encore faut-il qu’il y en ait, des bons, qui soient réellement sécuritaires), on ne dit rien de l’aménagement qui est franchement déficient, sinon qui pousse clairement à la délinquance tant automobiliste que piétonne.

Autre exemple de découragement ou d’indignation : en disant sans gêne aux piétons de quelle manière ils doivent s’habiller afin de garantir leur sécurité, non seulement cela sonne plutôt paternaliste, mais c’est surtout se faire porteur d’un discours qui ressemble beaucoup à du victim blaming, c’est-à-dire un discours qui remet la faute (coupable de quoi, au juste ?) sur la victime.

C’est là ajouter l’insulte à l’injure, et c’est continuer de faire du surplace, peut-être même de nous pousser à faire marche arrière (passez-moi l’expression !), puisque déjà que nos aménagements du tout-à-l’automobile, et donc du rien-aux-piétons n’encouragent pas à marcher, on vient en plus décourager ceux qui s’y risquent en leur rappelant que le jour où ils seront happés, ce sera sûrement leur faute.

Voilà une façon assez ingénieuse (sarcasme) de ne pas donner le goût aux gens de marcher et, du même coup, que nos élus municipaux ne se sentent pas trop obligés de faire ce qu’il faut pour leur donner le goût, c’est-à-dire en décidant que les aménagements sécuritaires qui s’imposent se fassent enfin.

Et parlant justement de nos élus municipaux, rien ne me permet de croire qu’ils désirent vraiment assumer leurs responsabilités en matière de sécurisation.

J’ai constaté vendredi dernier, en pleine heure du dîner, que ces élus s’en remettaient plutôt à leur police pour mener des campagnes de sensibilisation — pardonnez-moi : de répression — auprès des piétons, soi-disant avec pour objectif la sécurité. C’est bien le comble, parce que l’un des endroits choisis pour mener cette opération (angle Robert-Bourassa et chemin Sainte-Foy, à Québec) est exactement celui où j’avais fait mention à la Ville de Québec que la séquence des feux ne garantit en rien la sécurité des piétons.

Je l’observe quasi quotidiennement : alors que le feu est rouge, des véhicules coupent la traverse piétonne et cela, alors que le décompte du feu piéton (de 18 secondes !) est déjà en cours. La situation s’est d’ailleurs répétée vendredi devant les policiers pendant qu’ils menaient leur opération. Je leur ai poliment noté l’infraction qui venait d’être commise par ce chauffard alors qu’ils intervenaient auprès d’un piéton pour lui faire comprendre qu’il était en faute, mais pas le conducteur du pick-up qui venait de mettre sa sécurité en jeu en passant sur une lumière rouge. Scandaleux. Mais, comme le policier me l’a affirmé, et cela, en toute transparence : « Nous, on est là pour les piétons, et ce n’est pas ce midi qu’on va changer les choses. »

Eh bien, avec ce commentaire de la police et à l’image de ce qui me paraît être un mois du piéton qui vise surtout à décourager les piétons de marcher, voilà qui n’est rien pour me rassurer.

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