Depuis les images de la dépouille du petit Alan Kurdi gisant sur une plage turque en 2015, le Canada a les yeux rivés sur la guerre qui ravage encore aujourd’hui la Syrie, provoquant un exode de 5,6 millions de Syriens. D’ici la fin de l’année, ce sont presque tout autant de Vénézuéliens qui auront fui les flambées de violence et une économie dégringolante dans leur pays pour trouver refuge ailleurs en Amérique latine. Et pourtant, personne n’en parle vraiment ici.

Les témoignages sont pourtant bouleversants. « Nous avons marché 11 jours et nous avons dû dormir en plein air. Nous sommes partis parce qu’ils menaçaient de nous tuer. Mon frère a été tué. J’ai failli être tuée moi aussi. » Ana, une Vénézuélienne comme tant d’autres, a marché l’équivalent d’Ottawa à Halifax pour se réfugier en Équateur.

Une réponse régionale à bout de souffle

Les pays d’Amérique latine et leurs populations ont fait preuve d’une grande générosité et d’ouverture à l’égard des migrants et réfugiés vénézuéliens. La Colombie a modifié ses lois pour accorder la nationalité à 24 000 enfants nés sur place, de parents réfugiés Vénézuéliens, pour ainsi lutter contre le risque d’apatridie. D’autres pays ont procuré des permis de résidence à quelque deux millions de Vénézuéliens pour leur permettre de travailler, d’étudier ou encore d’utiliser les services publics. Les exemples de solidarité sont légion.

Les communautés de ces pays d’accueil travaillent sans relâche pour fournir des abris, des soins de santé ou encore du travail aux Vénézuéliens qui vivent dans des conditions de plus en plus précaires.

PHOTO LUISA GONZALEZ, ARCHIVES REUTERS

Des enfants vénézuéliens mangent dans un camp de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, à Maicao, en Colombie.

Les capacités et ressources de l’ensemble de cette région ont atteint un point de rupture.

Des voix commencent à s’élever ces derniers mois, se demandant combien de temps encore ces pays et communautés pourront garder leurs portes ouvertes aux Vénézuéliens.

À plusieurs occasions, la ministre des Affaires étrangères du Canada d’alors, Chrystia Freeland, n’a pas mâché ses mots en évoquant une « crise humanitaire dans notre voisinage ». Si le Canada se penche sur les solutions politiques en vue d’une sortie pacifique de la crise, il devrait tout autant augmenter sa réponse humanitaire car le temps presse. L’ampleur de la crise au Venezuela est telle que le Canada et le reste du monde n’ont d’autres choix que d’intensifier leur soutien financier aux partenaires humanitaires dans cette région.

Appel à une mobilisation internationale

La semaine prochaine donnera l’occasion au Canada de montrer son engagement auprès des Vénézuéliens dans le besoin. En effet, l’Union européenne, en partenariat avec l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), organise une conférence internationale de solidarité. Durant la transition post-électorale, il sera important que cette solidarité s’exprime aussi par les Canadiens. Nous nous devons, en bons voisins, de répondre à la pire crise de déplacements forcés de l’histoire récente de la région.

Dans le passé, il ne faut pas oublier que le Venezuela a accueilli des milliers de réfugiés d’Amérique latine et d’autres régions du monde.

Les Canadiens restent fiers, et à juste titre, de leurs contributions aux crises humanitaires. Les femmes et enfants qui fuient les bombes en Syrie ou l’insécurité et les privations au Venezuela, attendent de nous la même solidarité dans l’adversité.

Aujourd’hui, c’est à notre tour d’interpeller nos élus et le prochain gouvernement.

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