La santé de la bouche des Canadiens s’est invitée dans la campagne électorale fédérale qui vient tout juste de se terminer, alors que certaines formations politiques ont soulevé l’importance d’étendre la couverture universelle des soins de santé aux soins buccodentaires.

Pour la deuxième fois en un an, la santé buccodentaire a donc refait surface dans le cadre d’une campagne électorale, bien qu’à deux ordres différents de gouvernement. En tant qu’organisme responsable de veiller à la santé buccodentaire des Québécois, l’Ordre des dentistes du Québec est ravi de constater que cet enjeu fondamental est au centre des préoccupations des élus.

Au cours des derniers mois, nous avons eu la chance de sensibiliser les ministres responsables des portefeuilles de la Santé et des Aînés à l’importance de reconnaître la bouche comme faisant partie du corps humain, puisqu’elle peut être atteinte de maladies ayant des effets sur la santé globale d’un individu.

Nous en avons profité pour réitérer la nécessité d’investir en prévention, mais surtout d’étendre la couverture universelle des soins de santé aux interventions buccodentaires médicalement requises pour préserver l’état de santé de patients aux prises avec des maladies potentiellement mortelles.

La bouche, composante à part entière du corps humain

C’est par la bouche que nous respirons, que nous nous hydratons et que nous mastiquons les aliments et les savourons. C’est aussi la bouche qui est le reflet de notre image et c’est par elle que nous nous exprimons.

Or, malgré leur importance, la bouche, les dents et les tissus avoisinants ont toujours été traités séparément du reste du corps humain.

La communauté scientifique internationale reconnaît pourtant que l’état de la santé buccodentaire d’une personne a une incidence directe sur sa santé globale et sa qualité de vie.

Une bouche en santé se caractérise par l’absence de douleur buccale ou faciale, de cancer buccal, d’infection ou de lésion buccale, d’affection touchant les gencives, de déchaussement et de perte de dents, et d’autres maladies et troubles qui limitent la capacité de mordre, de mâcher, de sourire et de parler d’une personne, donc son bien-être général. Cela est particulièrement important dans le cas de personnes vulnérables comme les enfants ou les aînés.

Une hygiène buccodentaire inadéquate peut entraîner des pneumonies d’aspiration, des endocardites bactériennes, des bactériémies, des infections, un diabète non contrôlé ou encore certaines maladies cardiovasculaires. D’ailleurs, plusieurs opérations ou greffes d’organes ne pourraient être exécutées si ce n’était de la présence d’un dentiste qui assure l’équipe chirurgicale de l’absence d’infection au niveau buccal, laquelle est susceptible de compromettre le succès de telles interventions.

L’ironie est qu’à l’heure actuelle, notre régime de santé couvre plus facilement les soins associés à un doigt cassé ou à un bouton d’acné que ceux requis par une infection dentaire aiguë, qui risque pourtant d’avoir un effet important sur la santé générale d’un individu. Il est plus que temps que nous menions une réflexion sur la couverture universelle des soins buccodentaires, notamment ceux médicalement requis.

Un pas dans la bonne direction

Jusqu’à tout récemment, les soins de reconstruction buccodentaire des enfants aux prises avec un cancer n’étaient pas couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Au même titre que les femmes atteintes d’un cancer du sein ont accès gratuitement à une reconstruction mammaire après une mastectomie, il est important que les personnes atteintes d’un cancer de la bouche, de la mâchoire ou des tissus avoisinants bénéficient des mêmes services.

L’Ordre des dentistes salue donc la décision de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, de mettre en place un programme de soins buccodentaires en oncologie pédiatrique.

Encore à l’étape embryonnaire, celui-ci donnera accès à des soins gratuits aux enfants ayant reçu un diagnostic de cancer avant l’âge de 18 ans. Cela permettra de prévenir les risques de séquelles buccodentaires liées au cancer ou aux traitements oncologiques ainsi que de pallier des complications secondaires durant les traitements.

Il faut espérer que la mise en place de ce programme ainsi que l’intérêt renouvelé des élus pour la santé buccodentaire constituent les premières étapes de l’implantation d’une véritable couverture des soins buccodentaires par l’État. Il en va de la qualité de vie de nos concitoyens, de la crédibilité des élus qui ont à cœur la santé de la population et de l’amélioration de nos finances publiques.

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