La militante écologiste Greta Thunberg a attiré l’attention en prononçant, devant plusieurs centaines de milliers de Montréalais, un discours implorant les gouvernements d’agir pour sauver la planète. Plus récemment, le groupe Extinction Rebellion s’est manifesté en prenant d’assaut le pont Jacques-Cartier à Montréal pour dénoncer le manque d’actions étatiques significatives dans la lutte contre les changements climatiques.

Quel est le point commun entre ces militants ? Une vision manichéenne opposant, d’un côté, la croissance économique et le marché, qui seraient coupables, et, de l’autre, les gouvernements ou les instances politiques, qui pourraient nous sauver.

Or, avoir confiance dans les gouvernements pour gérer le problème écologique relève au mieux de la naïveté, au pire de l’irresponsabilité.

Le seul intérêt d’un gouvernement est sa réélection et non la gestion d’enjeux qui traversent des générations. Plusieurs exemples montrent que les interventions gouvernementales peuvent avoir un effet néfaste sur l’environnement : la gestion de l’offre qui favorise un type d’agriculture plus polluant, les cimenteries (Port-Daniel en Gaspésie) ou l’absence de péages sur les routes congestionnées.

Derrière ces revendications se cache souvent un programme bien résumé par un militant d’Extinction Rebellion : « Il faut décroître, c’est une urgence. » Or, renoncer à la croissance et l’économie de marché qui la favorise risquerait plutôt d’aggraver les choses. Ce n’est pas en situation de pauvreté que les sociétés sont susceptibles d’être résilientes face aux problèmes environnementaux, que cela soit sur le plan de la recherche scientifique pour contrer les problèmes ou sur le plan de la prise de conscience environnementale.

C’est d’ailleurs dans les pays les plus développés et les plus libéraux sur le plan économique que les performances environnementales sont les meilleures.

L’économie de marché dispose de trois atouts majeurs qui en font un allié essentiel de la lutte contre les problèmes climatiques.

Premièrement, le droit de propriété permet d’attribuer à tout un chacun sa responsabilité dans la gestion des ressources. C’est en partant de cette logique que des mécanismes comme les marchés de droits à polluer ont été créés. Ceux-ci sont imparfaits (ils ne concernent que les entreprises et non les individus), mais ont tout de même contribué à diminuer les émissions en Europe.

Deuxièmement, la « souveraineté du consommateur », c’est-à-dire le fait qu’en économie de marché, l’acteur essentiel est le consommateur et ses préférences. Cela permet de prendre en compte fidèlement les évolutions des mentalités dans la production économique. En témoigne l’engouement pour les produits écoresponsables, les produits avec moins d’emballage plastique, etc.

Troisièmement, le principe de concurrence oblige les entreprises à innover constamment pour produire mieux, de manière plus économique, et ce, en répondant aux besoins de leurs clients. C’est ce qui explique que les constructeurs automobiles produisent des voitures de moins en moins polluantes et que tous les jours on peut entendre parler d’initiatives entrepreneuriales permettant de trouver des solutions concrètes pour diminuer les émissions de CO2, voire de les capter avant qu’elles aillent dans l’atmosphère.

En fait, les acteurs dans les marchés ont toujours trouvé les moyens de régler les problèmes importants de la société, que ce soit la faim et la pauvreté (la planète est passée de 80 % de pauvres extrêmes en 1800 à 10 % aujourd’hui), la grande pollution de l’air dans des villes importantes (où l’on se chauffait auparavant au bois ou au charbon), etc.

Il est grand temps de s’interroger sur les conséquences perverses que peuvent avoir tous les discours apocalyptiques et manichéens. Ceux-ci risquent d’empirer les choses en déresponsabilisant les citoyens de l’enjeu climatique et en les conduisant à tout attendre de l’action des gouvernements. La « main invisible du marché » nous permet à l’inverse, lorsque les bonnes incitations sont présentes, d’avoir la « main plus verte ». Les solutions ne viendront pas de décisions technocratiques prises par décrets, mais bien de la capacité des entrepreneurs futurs à trouver des innovations de rupture pour penser le monde de demain.

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