Aujourd’hui 11 octobre marque la Journée internationale de la fille, décrétée par les Nations unies. Destinée à promouvoir l’autonomisation des jeunes femmes, cette commémoration annuelle souligne les défis que doivent relever les filles dans le monde.

Dans les grands réseaux d’information et les médias sociaux, nous entendrons des récits inspirants, mais aussi malheureusement trop d’histoires tragiques à propos de filles et de femmes dans le monde qui luttent pour des droits que nous tenons pour acquis.

Des histoires comme celle de Malala Yousafzai, jeune Pakistanaise de 22 ans lauréate du prix Nobel, victime d’une tentative d’assassinat le 9 octobre 2012, deux jours avant la toute première Journée internationale de la fille. Elle a failli mourir pour avoir défendu l’accès des filles et des femmes à une éducation dans le nord du Pakistan.

Bien que le courage et la force de Malala soient source d’inspiration, son histoire peut nous donner un faux sentiment du devoir accompli. Il est facile de ne pas faire de cas des inégalités au Canada à la lumière des atrocités et des abus qui surviennent dans d’autres pays.

Le Canada fait piètre figure

Quand il est question de la disparité entre les sexes en sciences, technologie, génie et mathématiques (STGM), le Canada fait piètre figure. Par exemple, selon Ingénieurs Canada et Statistique Canada respectivement, à peine 13 % des ingénieurs en exercice et 23 % des travailleurs en sciences et technologie au Canada sont des femmes. Ces chiffres sont bien en deçà de la moyenne mondiale d’environ 29 % de femmes en STGM dont fait état l’UNESCO.

Les mythes et les stéréotypes restent un des plus gros obstacles auquel on se bute quand il s’agit de remplir l’écart entre les sexes. J’entends trop souvent que « les filles ne s’intéressent tout simplement pas au génie et à la technologie ».

En tant qu’ingénieure et ancienne présidente d’une société d’experts-conseils en génie ainsi que militante pour la cause des filles et des femmes en STGM, je tiens à dire que c’est absolument faux.

Les filles et les femmes qui sont exposées à la science et à la technologie à un jeune âge sont tout aussi passionnées à l’égard de ces domaines que les garçons et les hommes.

Quiconque a déjà participé à un salon technologique ou scientifique pour filles peut le confirmer.

Or, c’est particulièrement frustrant quand des stéréotypes fondés sur le sexe sont renforcés par ceux et celles à qui nous confions l’éducation de nos enfants. Je me réfère à un article paru récemment dans La Presse, intitulé « Une classe pour les garçons, une classe pour les filles », à propos de la décision d’une école de Gatineau de séparer les élèves de cinquième année en fonction de leur sexe.

Selon l’école, l’apprentissage des garçons sera centré sur la robotique et les technos, tandis que celui des filles sera plutôt axé sur les plantes et le jardinage. Voilà comment les stéréotypes continuent de persister.

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J’ai été ravie de lire la réponse sans équivoque de Chantal Sorel et de ses 42 cosignataires dans une lettre intitulée « Il faut exposer les filles à la science ».

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En permettant l’enseignement et la perpétuation du rôle des sexes, nous manquons à notre devoir envers les filles – et nous compromettons notre avenir.

Nous sommes au cœur de la quatrième révolution industrielle et la demande pour les ingénieurs et les informaticiens atteint un sommet sans précédent. Le Canada fait face à de sérieuses pénuries dans ces domaines et nous avons désespérément besoin de femmes pour remplir ce manque.

Ingénieurs, scientifiques et technologues ont une influence de plus en plus grande sur la forme que prend notre monde. Quand les personnes qui conçoivent notre environnement représentent uniquement la majorité, tous les autres sont laissés pour compte. Un article paru plus tôt cette année dans The Guardian met en lumière certains des dangers et des inégalités que comporte un monde conçu par les hommes pour les hommes.

Par exemple, les équipements de sécurité dans les voitures sont conçus pour des hommes et les mannequins utilisés dans les simulations d’impact sont fondés sur une personne moyenne de sexe masculin.

Résultat : 47 et 71 % des femmes sont plus susceptibles de subir des blessures de gravité importante et modérée, respectivement, lors d’une collision. Par ailleurs, malgré le stéréotype voulant que les femmes soient de mauvaises conductrices, un plus grand nombre d’hommes sont impliqués dans des accidents.

Ce n’est qu’un exemple de ce qui arrive quand on néglige de redresser une déformation inconsciente. Il en existe beaucoup d’autres.

Nous devons nous porter à la défense des filles et de la prochaine génération. Il est tout simplement inacceptable en 2019 que des faussetés et des stéréotypes dangereux soient encore enseignés à nos enfants.

Si les femmes sont minoritaires dans les domaines des sciences et du génie, ce n’est pas par manque de compétence, d’aptitude ou d’intérêt – c’est parce que ceux et celles qui devaient les inspirer et les encourager les ont laissées tomber. Nous avons le devoir de faire mieux.

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