N’en doutons pas, la grève pour le climat du 27 septembre dernier marque un tournant dans l’histoire du mouvement de lutte contre les changements climatiques.

Dans le monde, plus de 7 millions de personnes auront marché dans 170 pays. Ici au Québec, près d’un demi-million de personnes se sont réunies à Montréal et des foules records se sont rassemblées à Québec (30 000 personnes), Sherbrooke (10 000), Rimouski (2500), Drummondville (2000), Victoriaville, Rouyn, Rivière-du-Loup jusqu’à Chisasibi et aux Îles-de-la-Madeleine.

Parmi ces foules se trouvaient des gens, jeunes et moins jeunes, qui se joignaient pour la première fois au mouvement.

Nous assistons à la montée d’une vague de fond qui dépasse très largement les bases historiques du mouvement.

Vérité, jeunesse et volonté

Nous entrons désormais dans une nouvelle phase qui sera décisive pour notre avenir et qui s’appuiera sur trois piliers : la vérité, la jeunesse et la volonté. La vérité sans filtre d’abord, portée avec force par Greta Thunberg et les scientifiques. Nous avons une décennie pour couper de moitié nos émissions de gaz à effet de serre et 30 ans pour les ramener à zéro.

Il faudra ensuite retirer du CO2 de l’atmosphère avec des technologies qui n’existent pas encore. Si nous faisons tout cela, nous avons une chance sur deux seulement de limiter le réchauffement sous les 1,5 degré comme le prévoit l’accord de Paris. Au-delà de ce seuil, c’est un véritable cataclysme qui nous attend.

L’urgence n’est pas un slogan. Elle est mathématique. L’effondrement écologique est réel et il s’accélère.

La jeunesse, ensuite. L’entrée en force de la jeunesse change la donne. Toutes les grandes transformations sociales ont été portées par un groupe démographique qui défendait ses droits. On n’a qu’à penser au mouvement pour les droits civiques, au mouvement féministe et, plus récemment, au mouvement des LGBTQ.

La jeunesse joue présentement son avenir et elle le sait. Son intransigeance ne vient pas de son âge comme certains commentateurs le prétendent avec paternalisme, mais d’une extraordinaire lucidité sur ce qui se joue en ce moment, une lucidité qui échappe à la majorité de leurs aînés. Chaque jour qui passe sans action décisive est une journée volée à leur avenir. Si les jeunes crient, c’est que nous sommes sourds. Nous ne luttons plus pour protéger les ours polaires. Nous luttons pour nos enfants. Nous luttons avec eux.

La volonté, maintenant : les prochaines années seront décisives. Nous avons perdu les 30 dernières années à tergiverser et à nous nourrir d’illusions. Si nous avions agi quand nous en avions encore le temps, nous aurions pu faire un atterrissage en douceur. Nous devons maintenant faire un atterrissage d’urgence. Cela impliquera beaucoup de courage et ne se fera pas sans douleur.

Après être descendus en nombre record dans les rues, il est temps maintenant de voter, de consommer, d’investir et d’agir dans toutes les sphères de notre vie en donnant la priorité à la lutte contre les changements climatiques.

Les élections du 21 octobre sont cruciales à cet égard. Nous devons faire savoir à tous les candidats que le temps des demi-mesures est révolu et que l’avenir ne se construit pas à coup de pipelines, de gazoducs et de corridors d’énergies fossiles. Pour avoir notre appui, les candidats doivent mettre leur siège en jeu : remplir leurs engagements dans les quatre prochaines années ou s’engager à démissionner.

Nous exigeons des actions décisives et de la cohérence de la part de nos gouvernements. C’est à nous maintenant de les appuyer lorsqu’ils prendront les décisions qui s’imposent et qui auront un impact sur notre mode de vie et notre portefeuille.

Nous n’en sommes plus à changer nos ampoules et à changer le monde un petit geste à la fois. Nous en sommes à changer les lois, à transformer nos villes, nos systèmes énergétiques et alimentaires, nos transports, et à nous libérer de l’endettement et de la surconsommation.

Si vous avez marché le 27 septembre dernier, c’est ce contrat que vous avez signé pour vos enfants.

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