L’achat en ligne est solidement ancré dans nos habitudes de consommation, que ce soit pour comparer des prix ou pour acheter à peu près n’importe quel produit.

La facilité d’utilisation vient en tête quand vient le temps de décrire les raisons pour lesquelles on favorise ce type de transaction : pas de déplacement, disponibilité des produits, simplicité du paiement.

Plus l’achat est simple et intuitif, plus la fidélité au marchand est grande. À ce titre, la création du modèle Prime chez Amazon jumelée au système d’achat en un seul clic s’est avérée être un coup de génie de Jeff Bezos et de son équipe. Plus de 40 % des Québécois ont commandé sur ce site dans les 12 derniers mois. Leur dominance est écrasante ; on n’a qu’à faire un échantillonnage des bacs de recyclage qui regorgent du carton arborant la promesse du détaillant qui offre tout de A à Z.

Pourtant, des acteurs d’ici ont démontré leur capacité à « livrer la marchandise », pour ne pas faire de mauvais jeu de mots. Dans cette catégorie, Metro vient tout de suite en tête. Son initiative de commerce électronique lancée il y a trois ans connaît un vif succès. Le service est brillamment conçu et la prestation de service, d’une grande efficacité. L’acquisition récemment complétée de Jean Coutu signifiera probablement à court terme une augmentation de la gamme de produits offerts et une intégration des programmes de fidélité. Quel formidable tremplin pour une initiative québécoise ambitieuse !

Comment créer un projet fédérateur qui puisse accélérer les ambitions de nos grands acteurs tout en permettant aux plus petits de s’y greffer ?

Parce que pour espérer tirer notre épingle du jeu, il faut se battre avec ingéniosité, agilité et rapidité. L’épicerie et la pharmacie, c’est un bon début, mais la plupart des détaillants québécois ne rivalisent pas entre eux. Ils ont un ennemi commun dans le numérique (Amazon) et dans la brique et le mortier (Walmart) et ils auraient tout intérêt à travailler ensemble.

Les détaillants du Québec ont de grandes forces. Leur proximité, la confiance et la fidélité que leur vouent les Québécois, mais aussi les prix (je vous défie de comparer les prix trouvés chez Amazon à ceux de Metro). L’argument de l’achat local est fort chez le consommateur québécois ; ça nous rend fiers. Il faut pouvoir exploiter toutes ces forces en invitant les détaillants à mutualiser leurs efforts.

Le gouvernement caquiste a démontré sa volonté de jouer un rôle plus actif dans le façonnement de notre économie. Il semble vouloir aller jusqu’à lancer des initiatives qui répondent à des occasions. Il cherche à soutenir nos entreprises gagnantes dans l’amélioration de leur productivité et de leur compétitivité.

Développer un plan

Ça tombe bien, parce qu’il y a un besoin très clair de développer un plan pour les détaillants du Québec. Comment imaginer un modèle qui puisse faire concurrence au géant américain et ainsi protéger nos parts de marché et, par ricochet, les emplois et les profits générés et taxés ici ? Un modèle qui permette de faire cohabiter nos géants avec nos commerçants plus nichés, mais tout aussi ambitieux et pertinents ?

Ceux qui établiront un lien entre cette proposition d’orientation économique et les plans quinquennaux des pays communistes feront preuve d’ignorance ou de mémoire sélective. Notre voisin du Sud ne se gêne jamais pour aider de toutes les façons possibles les secteurs industriels qu’il a désignés comme stratégiques. L’industrie des armements en est un exemple flagrant.

Nos gouvernements ont trop longtemps levé le nez sur le commerce de détail. Est-ce le temps de s’y pencher sérieusement ?

Peuvent-ils lancer un projet ambitieux de commerce électronique ? Si oui, Il faudrait bien que s’y retrouvent aussi la SAQ, BMR et Patrick Morin, La Vie en Rose, Renaud-Bray, Aldo et Simons. Puis les petits détaillants indépendants qui enrichissent nos quartiers : la Librairie Monet à Cartierville, Les passions de Manon à Saint-Hyacinthe, la Ferme Bourdages à Saint-Siméon, la brûlerie FARO née à Sherbrooke.

Comme consommateur, je me mets à rêver à ce site qui me livre mes produits favoris le jour même. Je retrouve tous ces produits dans une application de façon permanente sur mon téléphone portable, qui me permet de faire tous mes achats en un seul clic tout en ne me facturant rien pour la livraison.

Comme citoyen, je suis rassuré qu’un regroupement québécois soit tenu de rendre des comptes, qu’il respecte et protège mes données et qu’il adhère à un code de déontologie et d’éthique exemplaire. J’aurai le sentiment de faire un choix responsable en encourageant l’économie locale, je paierai mes taxes de vente et serai certain que les impôts seront payés ici.

Par contre, comme dirigeant d’entreprise, j’hésite à mettre des ressources au service d’un projet ambitieux et complexe qui bénéficiera à tous. Mais si on injecte les ressources adéquates pour diminuer mon risque, je vais écouter et peut-être reconsidérer mes priorités. C’est ce qu’un détaillant discipliné comme Metro doit faire. C’est une proposition que le ministre de l’Économie pourrait faire aussi.

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