Alors que la campagne électorale s’intensifie, il est clair que le réchauffement climatique sera un sujet important.

Tous les politiciens hormis quelques exceptions admettent que le réchauffement est un phénomène anthropique (causé par l’être humain). Une continuation de la croissance des émissions de gaz à effet de serre (GES) aura des conséquences fâcheuses sur les conditions de vie de l’humanité tout entière. Forts de ce constat, les politiciens réalisent qu’il est nécessaire d’agir.

Soyons clairs : le réchauffement climatique est un problème important et l’être humain joue un rôle important dans le processus.

Cependant, les institutions gouvernementales ont plus que leur juste part de culpabilité. Une part non négligeable du réchauffement serait plus précisément d’origine « statogénique », soit causé par l’État. 

Dans une certaine mesure, les actions de nos gouvernements nous incitent plus ou moins directement à adopter des comportements pollueurs.

Coût social, coût privé

D’un point de vue économique, la pollution est ce qu’on appelle une « externalité ». Ce terme est utilisé lorsqu’une activité économique génère des coûts qui ne sont assumés ni par les producteurs ni par les clients, mais plutôt par la société en général. En d’autres mots, le coût social d’une décision entre deux personnes est supérieur au coût privé payé par ces deux personnes.

L’ampleur de cette externalité dépend de la différence entre le coût social d’une action et le coût privé de cette action. C’est pourquoi plusieurs économistes défendent l’idée d’une taxe sur le carbone : en taxant la pollution, on augmente son coût, ce qui réduit l’écart entre le coût privé individuel et le coût social. Cette taxe réduirait donc la pollution.

Si ce raisonnement est valide, il est tout aussi vrai que, lorsque les gouvernements subventionnent des comportements avec des coûts sociaux importants, ils nous encouragent à polluer en agrandissant l’écart entre le coût privé et le coût social. De ce fait, l’élimination d’une subvention néfaste pour l’environnement aurait le même effet sur la population que la mise en place d’une taxe sur le carbone.

Les exemples de subventions environnementalement néfastes pullulent. Si l’on parle de pétrole, par exemple, environ 25 % de la consommation mondiale est vendue à des prix artificiellement bas.

Pour un tas de motifs plus ou moins populistes, plusieurs gouvernements fixent le prix du pétrole en bas du prix du marché, augmentant ainsi la consommation d’essence. En encourageant la consommation d’essence, des pays comme la Chine, la Russie, l’Inde et l’Argentine augmentent l’écart entre les coûts privés et sociaux de la consommation d’essence. Ils encouragent ainsi la pollution.

Quel est l’impact de ces subventions indirectes ? De nombreux articles scientifiques se sont attardés à cette question et ont tenté de mesurer la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui surviendrait si ces interventions gouvernementales étaient éliminées. Selon leurs calculs, on pourrait réduire les émissions annuelles de GES de 10 à 15 % simplement en les éliminant. Et ces articles ne parlent pas de l’impact cumulé qu’ont eu ces politiques depuis les années 60. Sans ces politiques, imaginez la quantité de GES en moins qui se serait accumulée dans l’atmosphère ! Ce n’est pourtant l’effet que d’une seule politique publique.

Ces politiques néfastes ne se font pas que dans des contrées lointaines, cependant.

L’absence de péages sur les routes québécoises, par exemple, vient réduire artificiellement le coût de la conduite automobile, nous permettant de conduire davantage.

Le fiasco de l’archipolluante cimenterie à Port-Daniel en est un autre excellent exemple. À lui seul, ce projet rendu possible grâce à la participation du gouvernement émet plus de GES que ce qu’a sauvé le programme de subvention à l’achat de véhicules électriques adopté dans les mêmes années.

Même nos tarifs d’électricité maintenus artificiellement bas pendant des décennies reviennent en quelque sorte à une subvention indirecte à la consommation d’électricité. Cela a comme conséquence de rendre les investissements en efficacité énergétique moins attrayants, subventionnant indirectement une plus grande consommation d’électricité. Si nous consommons cette électricité à faible prix ici, cela signifie aussi que nous ne pouvons pas la vendre aux États-Unis afin d’aider à enfoncer le dernier clou dans des centrales au charbon.

Politiciens pyromanes

En faisant le cumul de ces politiques, on peut mieux comprendre la part d’origine « statogènique » du réchauffement climatique. Avec ceci en tête, il est difficile de regarder les différents chefs de parti se pavaner devant les caméras sans frémir. 

Pourquoi devrions-nous accorder notre confiance aux pyromanes d’hier qui désirent être pompiers demain ?

Avant de créer de nouveaux comités, sous-comités, commissions ou autres complexifications bureaucratiques, peut-être que ces pyromanes-pompiers que nous nommons politiciens devraient considérer l’option d’éliminer les politiques qui aggravent le problème !

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