C’était la rentrée.

À lire le journal, d’un côté il y a les écoles en construction, la pénurie d’enseignants, les classes qui débordent, la loi 21, les boîtes de mouchoirs facultatives, les suppléants sur – ou sous – qualifiés, les autobus qui passent trop tôt, les cours d’éducation sexuelle qui vont trop loin – ou pas assez.

De l’autre côté, on nous présente en une de La Presse une école « révolutionnaire » et « complètement flyée », un projet « intelligent », un collège « tout sauf ennuyant » qui a toute l’agilité absente de l’école publique.

Comme la lumière au bout du tunnel.

J’ai deux enfants qui fréquentent l’école primaire du quartier. Dans deux ans, l’aînée entrera au secondaire. Et quand j’exprime mon intention de l’envoyer à l’école secondaire publique, je récolte toujours la même réaction.

D’abord, un regard interloqué. Ensuite, des questions et des commentaires à l’emporte-pièce : « Il y a un programme enrichi ou spécial ? » « Au moins ta fille n’a pas besoin d’encadrement ! » « Dans ton quartier ? Vraiment ? »

Oui, vraiment. Et pourquoi pas ? 

Pourquoi l’école publique, particulièrement au secondaire, est-elle devenue un choix de seconde zone ?

Ce qui se dit autour des machines à café, c’est que l’école privée répond mieux aux besoins des élèves qui ont de bons résultats scolaires, qu’à part pour les programmes particuliers l’école publique est ensevelie sous les cas problèmes, que les enseignants sont tous au bord du burn-out, que les gangs de rue guettent, que l’école privée est un milieu plus encadré, plus sain, plus sécuritaire. Plus beau et plus libre, aussi.

Que l’école publique c’est bien, mais. Mais pas en ville, pas pour mon enfant, pas pour ce programme.

L’école publique ordinaire, celle qui va bien, celle qui ne décroche pas, celle du prof de français qui nous fait aimer les classiques ou du prof de maths qui essaie sans relâche de nous faire comprendre l’algèbre, celle des amis qu’on se fait pour toujours, celle du bal de finissants, celle du journal étudiant, celle des projets spéciaux sur l’heure du midi, on ne la voit jamais en une du journal. Elle se transmet par le travail des enseignants et des directions d’école qui essaient de faire la différence à leur échelle. On l’entend à l’enthousiasme des élèves qui la fréquentent. On peut la voir lors des portes ouvertes, mais il faut d’abord savoir qu’elle existe. Difficile entre l’agressivité publicitaire des collèges privés et les articles à multiples volets sur une rutilante nouvelle école où la bibliothèque sera transformée en WeWork.

Et bien sûr, il y a la question de l’argent. Pas une fois dans ce fameux article il n’est question des droits de scolarité qui seront exigés pour étudier dans cette école si merveilleuse. En fait, une des seules mentions d’argent concerne le fait que ce beau projet est subventionné par l’État… Mais ça, c’est un autre débat, n’est-ce pas ?

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