Un livre tout récemment publié par une journaliste américaine spécialisée en éducation, Natalie Wexler, cherche à comprendre les résultats scolaires radicalement différents chez des élèves issus de diverses écoles et milieux.

The Knowledge Gap : The Hidden Cause of America’s Broken Education System – And How to Fix It explore notamment l’enseignement des supposées méthodes et techniques de lecture et découvre que les difficultés des élèves en lecture ne sont pas dues à de mauvaises pratiques pédagogiques, mais plutôt à un manque de connaissances et de culture générale.

Wexler emploie un exemple très clair. Si on présente à un groupe d’élèves un texte qui décrit une manche de baseball, le texte inclura forcément du vocabulaire spécialisé afin de décrire les séquences ainsi que les déplacements des différents joueurs et de la balle. Un élève qui est considéré comme ayant des difficultés de lecture pourrait très bien comprendre ce texte s’il connaît bien le baseball, pourtant son enseignant qui se considère comme étant un lecteur expérimenté risque de mal le comprendre s’il ne connaît rien au passe-temps national des Américains.

C’est ainsi que la compréhension en lecture ne passe pas par de meilleures méthodes, mais bien par une culture générale plus robuste.

Si nous possédons un bagage de connaissances d’autant plus complet, nous pourrons mieux nous situer dès que nous mettons la main sur un texte, peu importe le sujet.

À titre d’exemple, il est fort possible qu’un élève qui ne connaît presque rien sur un sujet de santé publique tel que le diabète éprouve beaucoup de difficultés à bien comprendre un texte qui en traite. Par contre, un élève ayant été exposé aux réalités de cette maladie détiendra déjà des connaissances de base lorsqu’il abordera ce sujet. Il se trouvera bien avantagé s’il a déjà saisi le vocabulaire lié au sujet : insuline, pancréas, sucre, maladie chronique, alimentation, type 1, type 2.

Si on comprend et connaît cette terminologie et ses liens avec le sujet, on pourra forcément mieux comprendre les complexités et les subtilités d’un texte qui porte sur le diabète.

Culture générale et érudition

En cette rentrée scolaire, je voudrais rappeler à tous mes collègues du monde de l’éducation et à l’ensemble de la société l’importance de l’érudition et de la culture générale. C’est grâce à ces dernières que nous pouvons stimuler l’esprit et l’intellect de nos élèves en les exposant aux merveilles des connaissances humaines et faire d’eux de meilleurs lecteurs, comme le démontre Natalie Wexler.

En histoire, nous pouvons piquer la curiosité des élèves en leur enseignant les périples des grands explorateurs ou bien choquer leurs consciences en leur exposant les inégalités, injustices et horreurs de l’histoire subies par les Premières Nations ou les femmes.

En français, nous pouvons les émerveiller par la lecture de La marche à l’amour de Gaston Miron ou les amener à des remises en question en leur suggérant des reportages sur l’impact des téléphones intelligents et des réseaux sociaux sur la santé mentale.

Au-delà des arts, lettres et sciences humaines, en mathématiques, nous pouvons dépasser le cadre du programme par moments en montrant comment les nombres régissent la société d’aujourd’hui, tandis qu’il a pourtant existé des civilisations bien sophistiquées qui ont évolué sans l’usage des chiffres. En physique, nous pouvons bouleverser un peu les élèves en leur présentant les rudiments de la physique quantique.

L’érudition et la culture générale devraient être au cœur de la mission de chaque enseignant, car cela représente la meilleure façon de faire de nos élèves des lecteurs plus aguerris.

C’est d’ailleurs la première des douze compétences professionnelles de l’enseignement, celle qui indique que nous devons « agir en tant que professionnelle ou professionnel héritier, critique et interprète d’objets de savoirs ou de culture dans l’exercice de ses fonctions ».

Pour nos élèves, ces savoirs et cette culture seront les véritables clés du succès !

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