Nous sommes presque voisins. Votre bureau de circonscription est tout près de chez nous. Quinze minutes à vélo.

Chez nous, c’est l’endroit où on représente plus de 40 000 électeurs au Québec, dont la moitié sont des fonctionnaires fédéraux. Vous savez, ceux qui travaillent à servir vos compatriotes ? Vous ne les avez pas oubliés, n’est-ce pas ?

Ils répondent aux millions de questions de la population, ils vérifient des déclarations d’impôt, ils assurent notre sécurité aux frontières, sur l’eau, dans les aéroports. Ils s’assurent de la qualité de ce qui se retrouve dans nos assiettes. Ils s’occupent de nos précieux parcs et forêts. Ils sont les fonctionnaires fédéraux qui travaillent pour votre gouvernement.

Monsieur Trudeau, on s’est croisés le 10 juillet. Des membres et moi étions allés vous interpeller à l’occasion d’une de vos activités au Chic Resto Pop. Vous êtes passé en coup de vent en me disant : « Salut, Yvon ! On continue à collaborer ? » Pardon, monsieur Trudeau ? Collaborer ? Mais de quelle collaboration parlez-vous ?

Monsieur Trudeau, les membres de l’Alliance de la fonction publique au Québec sont profondément ulcérés. Je le sais, ils nous le disent. J’irais même jusqu’à affirmer qu’ils se sentent trahis.

Pourquoi ? Parce que juste avant votre élection, vous leur aviez écrit. Vous vous souvenez de cette lettre ? Je cite : « Toute ma vie, j’ai été guidé par les valeurs du service public. Je suis convaincu que le moment est venu de restaurer la confiance dans nos fonctionnaires et le respect que nous leur portons. »

Retour en 2015

Je peux vous rappeler le contexte de l’époque. Nous venions de sortir de la pénible ère conservatrice pendant laquelle 35 000 postes de fonctionnaires ont été sauvagement liquidés. Perte de services aux citoyens et augmentation de la charge de travail. Du beau travail. Les conservateurs nous avaient aussi rentré le système Phénix dans la gorge malgré toutes nos recommandations.

Votre lettre, monsieur Trudeau, avait donc été reçue comme un engagement. Où en sommes-nous maintenant ?

Nos membres n’ont plus de contrat de travail depuis un an. Ils endurent encore les répercussions désastreuses de Phénix sur leur chèque de paye. Vous les avez entendues, les histoires d’horreur. Ça dure depuis plus de trois ans. Un gouvernement incapable d’assurer la juste rémunération de ses fonctionnaires, j’appelle ça un scandale national.

Et à trois mois des élections, vous restez campé dans un immobilisme incompréhensible. Et s’il s’agissait des membres de votre famille ? Ou de vos voisins ? Ceux que vous croisez tous les jours ?

Vous comprenez maintenant le sentiment de trahison ?

Monsieur Trudeau, vous êtes notre voisin. Vous êtes juste là, sur Crémazie. Mais vous nous semblez très très loin.

Monsieur Trudeau, que faites-vous ?

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