Des gens qui s’évanouissent, d’autres qui vomissent ou souffrent de crises de panique. On penserait qu’il s’agit d’un cas de force majeure, d’un événement isolé, hors du commun.

Ce sont pourtant des scènes de la vie quotidienne qui se déroulent à l’intérieur des autobus du RTL chargés de ramener chez eux les résidants de la Rive-Sud qui travaillent au centre-ville.

Des autobus restent coincés dans le terminus centre-ville du 1000 De La Gauchetière pendant plus de 60 minutes, les passagers pris en otage dans une chaleur suffocante. Et une fois à l’extérieur du terminus, le cauchemar se poursuit alors que les véhicules font du surplace pendant d’interminables minutes, peinant à franchir l’intersection les menant sur Bonaventure. Des trajets pour atteindre la Rive-Sud qui prennent normalement entre 20 et 30 minutes qui s’étirent désormais jusqu’à 1 h 30.

Si les passagers vivent un véritable calvaire, le sort des chauffeurs n’est guère meilleur alors qu’ils doivent, jour après jour, multiplier les allers-retours Montréal–Rive-Sud dans des conditions de travail inhumaines.

D’ici là, on fait quoi ?

Il y a quelques jours, une porte-parole d’Exo désignée pour gérer la crise et affronter la tempête patinait maladroitement en annonçant la « bonne nouvelle » d’une présence policière prolongée et « l’espoir » que les travaux dans la voie réservée sur l’autoroute Bonaventure soient terminés pour la rentrée.

Et d’ici là, on fait quoi ? On endure, comme du vulgaire bétail qui roule à pas de tortue vers l’abattoir sous un soleil de plomb et une température caniculaire ?

Il existe nécessairement une solution, un itinéraire temporaire pouvant être réservé aux autobus, au risque de pénaliser certains automobilistes. C’est là une des raisons d’être du transport collectif ; en réconforter les usagers qui se désolent parfois de leur sort, mais se consolent en se comparant à ceux qui optent pour la voiture. La situation actuelle envoie un message aux antipodes et nous invite tous, résidants de la Rive-Sud, à envisager d’autres options, que ce soit le train, le métro ou encore simplement le confort de nos automobiles climatisées.

L’affection des citoyens envers le transport collectif est un sentiment bien fragile que les autorités ont tout intérêt à cultiver et à entretenir. Il est donc impératif de maintenir une valeur ajoutée à l’utilisation des transports en commun.

Va pour la conscience environnementale et l’économie d’argent sur le stationnement. Il n’en demeure pas moins que l’incitatif premier demeure la fiabilité du service et une certaine assurance que le trajet se fera dans un délai respectable. À défaut d’offrir ces garanties minimales, toutes les mesures incitatives demeureront vaines.

Immobilisme

J’utilise le système de transport collectif de l’axe Champlain-Bonaventure depuis une douzaine d’années. S’il est impossible de parler de long fleuve tranquille, Champlain et Bonaventure ayant été de perpétuels chantiers à ciel ouvert au cours de la dernière décennie, il demeure juste et raisonnable d’affirmer que lorsque des enjeux et des défis se sont présentés, une préoccupation sincère des dirigeants et une volonté réelle de trouver des solutions étaient exprimées et ressenties.

Or, cette urgence d’agir semble avoir cédé le pas à l’immobilisme et à un sentiment d’impuissance qui mine la confiance des usagers. D’ici à ce que des améliorations permanentes et significatives soient mises en place, nombreux seront les usagers qui déserteront les autobus du RTL avec déception et résignation.

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