Dans la foulée de la récente décision du gouvernement Legault de suspendre temporairement le volet du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) permettant aux étudiants étrangers d’obtenir rapidement un Certificat de sélection du Québec en vue de la résidence permanente au Canada, il peut être utile de rappeler quelques chiffres au sujet de cette population étudiante.

Selon les plus récentes données de l’UNESCO, le nombre total d’étudiants internationaux dans le monde est passé de 1,7 million en 1995 à près de 5,1 millions en 2016, une augmentation de 200 % en un peu plus de 20 ans.

Le Canada et le Québec n’échappent pas à cette tendance. Le nombre de permis d’études délivrés aux étudiants étrangers par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a bondi de 210 % en une décennie, passant de 184 145 en 2008 à 572 415 en 2018. Si l’on se concentre sur le Québec, le nombre de permis d’études délivrés au cours de la même période a connu une augmentation de près de 150 %, passant de 28 280 à 70 185.

Cette vague mondiale d’étudiants internationaux apporte avec elle des avantages indéniables pour les sociétés d’accueil tant sur le plan éducatif, social, culturel, démographique qu’économique.

Un rapport sans appel

Un portrait de ces avantages pour la société québécoise a d’ailleurs été dressé dans un rapport publié en 2017 par l’Institut du Québec (IDQ). Intitulé Attirer et retenir plus d’étudiants internationaux : six propositions pour renverser la tendance, ce document explique entre autres que sur le au plan éducatif, les étudiants étrangers permettent d’enrichir le milieu d’apprentissage québécois et de renforcer les relations entre le Québec et les établissements d’enseignement du monde entier. Il mentionne également que l’arrivée d’étudiants étrangers devrait permettre aux établissements d’enseignement postsecondaire de maintenir la stabilité de leur effectif dans un contexte où, compte tenu de l’évolution démographique du Québec, ces établissements feront face à une diminution du nombre d’étudiants québécois jusqu’au milieu des années 2020.

Le rapport de l’IDQ signale aussi que les retombées économiques générées par les étudiants internationaux séjournant au Québec sont considérables. À cet égard, il s’appuie sur une étude menée par Affaires mondiales Canada dont la plus récente mise à jour indique qu’en 2015, les retombées économiques directes des dépenses des étudiants internationaux au Québec sont estimées à 1,69 milliard.

À l’échelle canadienne, la valeur totale des dépenses des étudiants internationaux (12,8 milliards) a même dépassé celle des exportations canadiennes de pétrole liquéfié et de gaz d’hydrocarbures (11,8 milliards), d’hélicoptères, d’aéronefs et d’astronefs (10,6 milliards) et de blé (7,9 milliards). Et comme si cela n’était pas assez convaincant, ce même rapport d’Affaires mondiales Canada avance que la présence des étudiants étrangers a permis de créer en 2015 pas moins de 15 900 emplois au Québec.

En tenant pour acquis l’apport indéniable que représentent les étudiants étrangers pour la société québécoise, que faut-il maintenant penser de leur volonté de s’établir au Québec ? Il faut tout simplement s’en réjouir.

En effet, prenons le temps de jeter un coup d’œil au profil des candidats au PEQ : ils sont majoritairement jeunes ; ils sont titulaires d’un diplôme reconnu et délivré par un établissement universitaire québécois ; ils parlent le français, sans compter le fait qu’ils sont souvent polyglottes ; ils ont une expérience significative de vie au Québec ; et certains d’entre eux détiennent même une expérience de travail au Québec, grâce à leur permis d’études qui leur a donné le droit de travailler durant leur séjour. Y a-t-il vraiment quelqu’un dans la salle qui estime que ces étudiants étrangers ne représentent pas une immigration de choix pour la société québécoise ? Leur plus-value ne saute-t-elle pas aux yeux ?

Dans un contexte de concurrence mondiale où les étudiants internationaux sont courtisés de toutes parts, le Québec doit user de tous ses atouts pour tirer son épingle du jeu.

Or, en suspendant, même temporairement, le PEQ pour les étudiants étrangers diplômés, le Québec se tire dans le pied.

Cette décision risque inutilement de nous faire perdre du terrain dans la course aux étudiants internationaux. Elle envoie le message à ces derniers que leur rêve légitime de transformer leur projet d’études en projet de vie au Québec n’est pas important.

Pourtant, compte tenu de l’apport indéniable des étudiants étrangers à la société québécoise, sur le plan éducatif, social, culturel, démographique et économique, le gouvernement du Québec devrait leur dérouler le tapis rouge plutôt que leur mettre des bâtons dans les roues.

* Ce texte n’engage que l’auteur.

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