La saison des festivals bat son plein un peu partout au Québec, pour notre plus grand plaisir et notre plus grande fierté. Ces festivités entraînent de nombreuses retombées positives, mais avez-vous déjà regardé le sol après un spectacle de musique en plein air ou un grand événement sportif ? La plupart du temps, c’est un véritable tapis de verres de plastique et de déchets.

C’est parce que nous générons cinq fois plus de déchets lors d’un événement qu’à la maison. Encore pire, plus de 50 % des déchets produits sur le site d’un événement ne sont ni recyclés ni compostés (source : Conseil québécois des événements écoresponsables). 

Des mesures vertes

Cette situation n’est pas irréversible ! De nombreux événements, comme le Festival de jazz, La course Changer le monde et la Foulée des parcs dans Outremont ont fait prouver le contraire en instaurant des mesures innovantes. Il suffit de penser aux verres réutilisables en consigne, aux stationnements à vélos, à l’interdiction des bouteilles d’eau, aux stations de remplissage de gourdes, aux stations de tri avec compostage, aux choix de fournisseurs locaux et à la réutilisation de matériel et affiches (sans date) au fil des ans. Ces initiatives vertes se multiplient depuis des années un peu partout au Québec. Le Festif !, dans Charlevoix, propose même une bière locale à base de pain recyclé d’une boulangerie locale, pour faire honneur à l’économie circulaire !

Ailleurs dans le monde, certains festivals alimentent leurs scènes avec de l’énergie solaire !

Un permis conditionnel aux efforts écoresponsables

Au Québec, la bonne volonté des organisateurs ne suffit pas. Ces pratiques devraient devenir la norme et il est temps que les municipalités jouent un rôle majeur et obligent l’écoresponsabilité de tous les événements tenus sur leur territoire.

Nous invitons donc l’ensemble des municipalités du Québec à rendre la délivrance du permis d’occupation pour la tenue de tout événement sous leur juridiction conditionnelle à la mise en place de mesures écoresponsables.

Les principales mesures à respecter devraient être : 

– Un plan zéro déchet qui priorise les 4RV : Refuser, Réduire, Réemployer, Recycler et Valoriser. L’eau potable devra être accessible, il faudra permettre les contenants réutilisables et mettre en place des brigades vertes pour guider les festivaliers sur les sites.

– Fournir des incitatifs pour que les participants utilisent les transports actifs et en commun pour s’y rendre.

– Favoriser l’approvisionnement local, biologique et de saison dans l’offre alimentaire. Les municipalités du Québec sont des vecteurs d’innovation de premier ordre en matière d’environnement. Certaines villes québécoises comme Victoriaville, Montréal, Québec, Repentigny, Mont-Tremblant, Gatineau et Sherbrooke nous ont déjà montré l’exemple. Elles ont adopté des politiques et des mesures incitatives comme des attestations locales, des guides ou du soutien financier pour encourager la tenue d’événements écoresponsables sur leur territoire.

Des festivaliers sensibilisés au mouvement zéro déchet

D’une part, l’adoption de mesures écoresponsables a le potentiel d’engendrer des économies tangibles. D’autre part, elle est maintenant un outil de marketing important pour les événements. Il y avait une immense file d’attente à la 2e édition du Festival Zéro Déchet à Montréal l’automne dernier, et la course écoresponsable d’Équiterre affichait complet plusieurs jours à l’avance. Les festivaliers s’attendent à des mesures responsables, vous les trouverez nombreux avec leur gourde à chercher un point d’eau, et bien mécontents s’ils doivent payer pour des bouteilles !

Un contexte propice et des ressources

Différents paliers de gouvernement s’apprêtent à interdire les plastiques à usage unique sur leur territoire dans les deux prochaines années. Il existe déjà une gamme d’outils (guides et sites de référence), formations et services d’accompagnement mis à la disposition des organisateurs pour créer des événements écoresponsables et zéro déchet. Même avec la volonté des organisateurs, ceux qui tentent de verdir les événements rencontrent souvent un mur de résistance. Si les municipalités exigeaient des mesures contraignantes et si l’accompagnement pour les organisateurs était plus accessible, nous pourrions accélérer la cadence. Nos organisations respectives ont développé une expertise qui fait figure d’exemplarité, tant au Québec qu’à l’échelle internationale. Nous pouvons assurer aux municipalités notre collaboration diligente et notre soutien pour les guider et entraîner la multiplication d’événements responsables dans leurs localités. Les initiatives existent et sont réalistes, il ne reste plus qu’à les encourager !

* Caroline Voyer est également directrice du Réseau québécois des femmes en environnement.

Cynthia Bouchard-Gosselin, administratrice de l’Association québécoise Zéro Déchet, cosigne aussi cette lettre.

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