Justin Trudeau est au pouvoir depuis bientôt quatre ans. Quel leadership a-t-il manifesté dans les grands enjeux qu’il a mis en priorité ?

Environnement

En 2015, Justin Trudeau établissait un lien indissociable entre l’environnement et l’économie en prenant l’image d’un canot avec ses rames. Il affirmait qu’on ne peut avoir une économie forte sans un environnement sain.

Pour l’électeur, l’environnement semblait la priorité de son gouvernement. À plusieurs reprises, la ministre de l’Environnement répétait qu’économie et environnement allaient de pair, que favoriser l’environnement serait bénéfique pour l’économie.

Assumer la gouverne est plus complexe. Acheter un oléoduc et l’agrandir est-il bon pour l’environnement ? Et ne pas le faire est-il bon pour l’économie ? Les faits sont parfois plus têtus que les simples principes.

Premières Nations

En nommant une autochtone comme ministre de la Justice, Justin Trudeau répondait par un symbole fort à l’engagement électoral envers les Premières Nations.

La vie quotidienne des citoyens autochtones peut être très difficile : problèmes criants de logement, absence d’eau potable, chômage chronique, violence et abus de toutes sortes. Justin Trudeau, par son discours de 2017 à l’Assemblée générale des Nations unies, dénonçait le colonialisme du Canada et lui attribuait les problèmes vécus par les autochtones. Plus récemment, il reconnaissait le Canada coupable de génocide.

Génocide ? Ce seul mot aurait dû déclencher l’état d’urgence. Prodigue à exprimer sa repentance et sa vertu, son gouvernement l’est beaucoup moins en politiques concrètes.

Par exemple, dans le cas des meurtres de femmes autochtones, commis le plus souvent par des proches, comment résoudre ce problème ? Après trois commissions d’enquête sur les autochtones depuis 1996, qu’attend le gouvernement fédéral pour agir ? Bref, il est insuffisant de n’exprimer que de bons sentiments.

Relations internationales

Justin Trudeau a clamé le retour du Canada sur la scène internationale. Dès son élection, il annonçait sa volonté de négocier le libre-échange avec la Chine.

Aujourd’hui, le Canada vit une importante guerre commerciale ; ses principales exportations sont menacées par la Chine, qui manifeste son courroux envers le Canada depuis le cafouillage diplomatique dans l’affaire Huawei.

À cela s’ajoutent d’autres conflits : Arabie saoudite, Inde, Russie. En ajoutant la relation avec le tumultueux voisin américain, le Canada vit un pénible « retour ». La question du libre-échange avec la Chine s’est avérée une totale improvisation.

Déficit

Justin Trudeau a rompu avec l’objectif d’équilibre budgétaire visé par les gouvernements successifs depuis Jean Chrétien : les déficits étaient bienvenus, résultats d’investissements massifs en infrastructure, et le budget s’équilibrerait de lui-même !

En réalité, peu d’investissements en infrastructure ont été réalisés au Canada pendant les quatre dernières années. L’essentiel des déficits provient d’une augmentation des dépenses récurrentes, notamment de transferts aux citoyens, ce qui revient à emprunter pour payer l’épicerie. Un choix très rentable électoralement, mais qui complique le retour à l’équilibre, puisqu’il oblige à retirer des acquis aux citoyens.

En résumé, un profil récurrent ressort du leadership de Justin Trudeau par ces exemples. 

Leadership de symboles plutôt que planification minutieuse des actions, affirmation de vertueux principes plutôt que dialogue et compromis pour réconcilier des objectifs divergents, appel à faire une confiance aveugle en « l’inclinaison naturelle de Justin Trudeau à faire le bien », une posture pour le moins naïve en politiques publiques.

Bref, Justin Trudeau règne en monarque plutôt qu’il ne gouverne. Sa gouverne du pays trahit la superficialité et l’improvisation comme s’il ne maîtrisait pas la complexité des enjeux, les arbitrages nécessaires entre des objectifs divergents, et avait peu d’intérêt pour la mise en place d’actions concrètes.

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