Depuis 45 ans, Portage a aidé des milliers de personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie à reprendre leur vie en main à travers divers programmes de réadaptation. Parmi les 500 adolescents âgés de 14 à 18 ans pris en charge annuellement par Portage, 88 % ont une dépendance au cannabis. Nous nous sentons donc interpellés par la légalisation prochaine du cannabis comestible.

Au Québec, le cannabis est la drogue la plus consommée, selon l’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2014-2015. Cet engouement pour le cannabis légal ne doit toutefois pas nous amener à en banaliser la consommation.

D’ici quatre mois, la vente et la consommation de cannabis comestible seront également autorisées. Loin de nous l’idée de rouvrir le débat, mais il nous importe d’attirer l’attention des consommateurs et du gouvernement sur certaines de nos préoccupations : 

L’étiquetage

Selon une étude parue en novembre 2017 dans le Journal of the American Medical Association, un tiers des produits contenant du CBD (un des composants actifs du cannabis) était mal étiqueté et indiquait de façon inexacte la teneur réelle en CBD.

La sécurité des enfants

Il existe également un danger pour les enfants du fait que certaines pâtisseries et autres friandises contenant du cannabis sont attrayantes, car elles ont la même apparence que certains produits qui n’en contiennent pas.

Les surdoses

Les effets du cannabis se font sentir bien moins rapidement et sont plus imprévisibles lorsqu’il est ingéré plutôt qu’inhalé, ce qui peut entraîner une surconsommation. Les histoires de surdoses accidentelles qui font parfois les manchettes nous donnent un aperçu des conséquences dramatiques que peut représenter une consommation inadéquate de cannabis comestible.

Face à tous ces risques et incertitudes, il est primordial que le gouvernement fasse preuve de la plus grande prudence quant à la légalisation et le contrôle du cannabis comestible.

Rappelons que le plus grand risque reste la banalisation du cannabis et de ses effets sur la vie de milliers de personnes.

La réadaptation et le traitement de la toxicomanie demeurent un secteur sous-financé. Avec la légalisation du cannabis, Portage est d’avis que le gouvernement a la responsabilité d’en faire davantage pour prévenir et traiter la dépendance.

Par le passé, nous avons proposé que la totalité des sommes perçues, y compris la TVQ, avec la légalisation du cannabis serve au développement d’une stratégie nationale de prévention et de réadaptation. Il en va de la santé et de la sécurité de tous les Québécois.

Il est important de rappeler que la légalisation ne met pas fin aux problèmes de dépendance, quel que soit le mode de consommation.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion