En réponse au texte de Christian Dufour, « Autour du barbecue avec Sonia LeBel », publié jeudi dernier.

Fort de sa nouvelle tribune régulière dans La Presse, Christian Dufour poursuit avec acharnement sa croisade à grands coups de hache contre la réforme du mode de scrutin et le Mouvement Démocratie Nouvelle, qui porte cette cause depuis maintenant 20 ans.

D’entrée de jeu, citant un auteur européen qui n’a pas connu les réformes modernes, il affirme que « la représentation proportionnelle a produit partout des effets imprévus et tout à fait funestes ».

Or, cette affirmation est fausse et démentie par l’expérience de la plupart des États développés ayant adopté une forme ou l’autre de scrutin proportionnel.

Il y a trois semaines, nous avons reçu au Québec une députée écossaise et un ancien ministre de la Nouvelle-Zélande qui ont témoigné à l’Assemblée nationale des effets bénéfiques pour leur société respective du remplacement du mode de scrutin que nous avons par le mode de scrutin proportionnel promis pour le Québec, un système mixte compensatoire. En aucun cas, il n’y a eu d’effets funestes ! 

Pourquoi ? Parce que les modalités mises en place ont empêché la formation et l’entrée au Parlement de la multitude de petits partis radicaux et extrémistes qui nous envahiraient et intoxiqueraient notre vie politique, semble-t-il.

Autre affirmation tordue et fausse : le mode de scrutin promis par la CAQ, le PQ, QS et le PV permettrait à des non-élus de devenir ministres. 

Actuellement, selon les études en science politique, 95 % des gens votent d’abord et avant tout pour des partis et des chefs, avec comme effet que les candidats locaux choisis par ceux-ci peuvent devenir députés. 

Dans le scrutin envisagé, environ 60 % des députés continueraient à être élus de cette façon. Les autres seraient élus selon l’appui donné directement aux partis politiques et à partir de listes d’autres candidatures connues des électeurs et électrices. Tous les députés de l’Assemblée nationale seraient l’émanation de la volonté citoyenne et aucun ministre ne serait un non-élu.

Troisième argument fallacieux présenté : la population ne connaîtra pas l’identité du nouveau gouvernement avant des jours, voire des semaines.

Ici, le chroniqueur fait référence à la formation de gouvernements de coalition qui, parfois, requiert une période de négociation entre différents partis. L’envers de la médaille qui n’est pas présenté est que le résultat est la formation de gouvernements majoritaires de deux ou plusieurs partis qui représentent une majorité de la population, ce qui n’est jamais le cas chez nous où, avec même à peine 35 ou 38 % des votes, un parti peut gouverner seul et imposer constamment sa volonté. 

Qui plus est, les coalitions gouvernementales gouvernent pour la plupart avec toute la stabilité et l’efficacité que nous chérissons, mais elles sont démocratiquement plus légitimes et moins arrogantes. L’important n’est pas un apogée-spectacle le soir des élections, mais une gouvernance stable et représentative.

Rapport de force affaibli ?

Enfin, l’argument classique de l’ex-professeur Dufour est que le seul gouvernement du continent qui est contrôlé par une majorité francophone verra son rapport de force affaibli par le scrutin proportionnel proposé. Voilà une énormité jamais démontrée !

En fait, l’histoire politique québécoise prouve plutôt le contraire quand on pense notamment aux effets pervers pour les francophones québécois de nombreux choix imposés par le parti politique qui a dominé la scène politique depuis plus d’un siècle avec le mode de scrutin hérité du colonialisme britannique.

Il faut ajouter ici que chaque fois que le Québec s’est retrouvé en conflit majeur avec le gouvernement fédéral ou avec celui des autres provinces anglophones, une motion unanime de l’Assemblée nationale a été votée pour soutenir le combat du gouvernement du Québec du moment, presque toujours élu sans l’appui majoritaire du peuple, conséquence du système que glorifie l’ancien universitaire.

Avec un mode de scrutin de type proportionnel qui pourrait corriger cette aberration démocratique, la stratégie du front commun unanime de l’Assemblée nationale sera néanmoins toujours de mise pour consolider le rapport de force du seul gouvernement que les francophones du Québec peuvent aspirer contrôler.

S’agissant de l’affirmation que la population a droit à un débat de fond qui n’a jamais eu lieu, rappelons simplement que la consultation parlementaire qui suivra le dépôt du projet de loi promis pour le 1er octobre sera la troisième grande discussion publique lancée par le gouvernement québécois depuis 2002.

Cela dit, aucun gouvernement n’est tenu de faire une consultation préalable pour savoir s’il a bien fait de promettre un important changement.

Sa responsabilité est de respecter son engagement et d’agir en conséquence !

Enfin, quant aux attaques mesquines contre la responsable gouvernementale de la réforme, la ministre Sonia LeBel, et le Mouvement Démocratie Nouvelle, elles ne méritent que le silence.

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