Vendredi dernier, le Globe and Mail a révélé que le Parti libéral avait finalement décidé de ce qu’il ferait au sujet de l’épineuse question de l’accès légal aux armes de poing et d’assaut.

Bien qu’il ait malheureusement exclu d’interdire les armes de poing, Bill Blair, ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, a annoncé que son parti allait inclure à sa prochaine plateforme électorale l’interdiction des nouvelles ventes d’armes à feu de type militaire et le rachat de celles existantes, ce qui reviendrait essentiellement à une interdiction totale des armes d’assaut.

Autrement dit, le gouvernement Trudeau s’est engagé à légiférer en fonction des valeurs et de la volonté de la vaste majorité des Canadiens qui souhaitent qu’une fois pour toutes, nos rues et nos communautés soient débarrassées des armes d’assaut semi-automatiques – les mêmes utilisées dans la plupart des meurtres de masse ici et chez nos voisins du Sud.

Il s’agit là d’un progrès significatif et positif pour le contrôle des armes à feu au Canada, car cela rend tout à fait envisageable une interdiction des armes d’assaut dans un avenir rapproché.

Il semble en fait que les libéraux aient finalement décidé de se tenir debout face au lobby des armes à feu et de défendre fermement l’intérêt public dans le cadre d’un des enjeux les plus politiquement polarisants de notre époque.

Là où le bât blesse, c’est qu’ils ne prévoient le faire qu’après les prochaines élections, et seulement s’ils sont réélus.

Interdire des armes par décret

Une refonte complète du système de classification des armes à feu nécessite assurément un projet de loi et constitue donc une promesse électorale légitime (du moins en fin de mandat). Toutefois, s’ils le voulaient, les libéraux pourraient immédiatement interdire certaines armes d’assaut par décret en vertu de l’autorité réglementaire créée en 1995 par le gouvernement Chrétien. 

Cette méthode a été spécialement conçue pour permettre aux gouvernements d’interdire rapidement de nouveaux modèles similaires à ceux déjà interdits, sans nécessiter de processus fastidieux pour faire adopter des lois à la Chambre des communes et au Sénat pour chaque arme.

En fait, les règlements comprenant des listes de modèles restreints et interdits ainsi que certains accessoires (comme les chargeurs à grande capacité) étaient censés être mis à jour régulièrement, mais ne l’ont jamais été. La mise à jour de ces listes est particulièrement urgente compte tenu de la pratique bien rodée des fabricants d’armes à feu qui contournent le cadre juridique en apportant des modifications mineures aux armes de type militaire, auparavant restreintes ou interdites, afin que les nouveaux modèles pénètrent le marché canadien et obtiennent même une classification moins sévère. 

La GRC a tenté d’attirer l’attention des différents ministres de la Sécurité publique sur la menace croissante des armes « militaires et paramilitaires » facilement disponibles, résultant de l’absence de mise à jour de la réglementation – en vain. Commencer maintenant la mise à jour de la liste des armes et accessoires prohibés constituerait un premier pas logique vers la mise en œuvre d’une interdiction plus globale, car elle bloquerait au minimum les ventes futures des modèles d’armes d’assaut existants, y compris l’engouement actuel des passionnés d’armes à feu pour l’achat massif de l’infâme AR-15.

Cela confirmerait également la sincérité de la détermination des libéraux à prioriser la sécurité publique et à achever le travail une fois réélus.

Étant donné la plateforme libérale actuelle (2015) qui s’engage déjà à « prendre des mesures pour débarrasser nos rues des armes d’assaut », les Canadiens seraient convaincus que, cette fois-ci, cette promesse sera plus que de simples paroles en l’air.

Si le gouvernement libéral croit sincèrement que la disponibilité légale des armes d’assaut met le public en danger, pourquoi ne pas intervenir avec les moyens dont il dispose actuellement, alors qu’il est toujours au pouvoir ?

Pourquoi faire d’une mesure de sécurité publique urgente un enjeu exclusivement électoraliste si ce n’est pas nécessaire ?

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