À l’heure où le Canada se demande si les Raptors vont gagner le championnat américain de basketball, se déroule en ce moment en France un autre événement sportif de grande envergure : la Coupe du monde féminine de soccer.

Dans ce contexte, il est intéressant de s’attarder sur certains faits pour constater le fossé encore abyssal existant entre les hommes et les femmes dans le domaine sportif.

Nous fûmes tout d’abord surpris de constater la différence de primes accordées en cas de victoire à cette compétition, notamment pour la France. En effet, 40 000 euros seront donnés à chacune des joueuses en cas de succès final, alors que 400 000 euros ont été versés lors de la Coupe du monde des hommes, en Russie, l’an dernier. 

Ce qui nous interpelle ici est que ce ne sont pas des revenus venant de commandites privées, mais bien de la Fédération française de football qui devrait, comme institution, au moins aspirer à une certaine parité.

Cela est d’autant plus vrai dans un contexte où le salaire des footballeurs et des footballeuses n’est absolument pas comparable et où certaines joueuses continuent d’occuper un emploi parallèlement à leur carrière de footballeuse.

En regardant les documentaires sur la préparation de la Coupe du monde, il est également marquant de voir comment un certain nombre de joueuses sont prisonnières de stéréotypes féminins : il s’agissait ainsi d’être « belle » sur le terrain, bien maquillée pour montrer que les footballeuses ne sont pas des « garçons manqués » (pour reprendre l’expression de l’une d’elles).

Cette double contrainte est d’ailleurs propre au sport féminin : comment être sportive et « féminine » en même temps ? Cette exigence entraîne une double contrainte. En effet, si l’athlète gagne, elle est souvent dénoncée comme étant trop « masculine ». Si par contre elle échoue, c’est peut-être parce qu’elle est trop préoccupée par son apparence.

Autrement dit, une athlète féminine sera toujours davantage jugée sur l’esthétique de son corps qu’un homme.

Les sociologues du sport ont bien montré comment la sphère sportive pouvait tout autant être un lieu de reflet des stéréotypes et des inégalités sociales que de résistance. L’immense athlète américaine Allyson Felix est un bon exemple récent de cette possible zone de contestation, elle qui a dénoncé le traitement de Nike depuis sa grossesse.

PHOTO KAI PFAFFENBACH, ARCHIVES REUTERS

Allyson Felix

Ainsi, à l’heure où la planète soccer a les yeux tournés vers la France, les athlètes féminines disposent d’une tribune sans précédent pour dénoncer le traitement inégal des femmes dans le sport.

Soulignons ici d’ailleurs le boycottage — et le courage — de la joueuse norvégienne Ada Hegerberg (une des meilleures joueuses de la planète) qui a décidé de ne pas participer à la présente Coupe du monde pour dénoncer le traitement inéquitable entre hommes et femmes dans le milieu du soccer.

PHOTO ATTILA KISBENEDEK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ada Hegerberg

C’est à nous tous et toutes collectivement de savoir ce que nous voulons faire socialement du sport : reproduire les inégalités sociales ou se servir de cette sphère pour dénoncer certaines injustices sociales.

La course est loin d’être gagnée. Le traitement défavorable des joueuses de tennis lors des demi-finales féminines de Roland-Garros qui se sont déroulées sur des courts annexes à cause de la pluie (contrairement aux hommes) en est un autre exemple frappant.

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