Je suis une enseignante d’anglais langue seconde à la CSDM depuis 2006. J’ai fait de la suppléance pendant quelques années, et j’ai finalement eu accès aux postes à temps plein en 2009. Cependant, depuis la naissance de ma fille il y a six ans, j’ai choisi des contrats à temps partiel pour deux raisons : bien m’occuper de ma fille et de ma santé mentale afin d’éviter une troisième dépression liée à mon travail. J’ai la garde partagée avec son père, mais des responsabilités permanentes.

Auparavant, les postes à la CSDM à temps partiel qui n’étaient pas choisis par les professeurs permanents se retrouvaient à la deuxième séance d’affichage, pour les enseignants à statut précaire comme moi. Ça fait donc quatre ans que je prends le même contrat à l’école Lucille-Teasdale à 70 % (3 ½ jours/semaine) en anglais langue seconde, qui correspond exactement à mon champ d’enseignement et à mon expertise, ayant obtenu un baccalauréat de quatre ans de l’Université McGill nommé Teaching English as a Second Language.

La fin du temps partiel ?

Avec la pénurie de personnel, la CSDM implante un changement de pratique pour l’année 2019-2020. Le poste à temps partiel en anglais langue seconde est maintenant fusionné avec un autre à 30 % de tâche en soutien linguistique (français langue seconde). Ce nouveau poste à 100 % est donc passé au premier affichage auquel je n’ai pas accès, car je suis à statut précaire. Personne ne m’a avisée de ce changement. J’ai appris lundi dernier que le poste avait déjà été choisi par un professeur permanent.

Si tous les contrats à temps partiel deviennent des postes à 100 %, que deviendront les enseignantes qui, comme moi, choisissent de travailler trois ou quatre jours par semaine ?

Je suis de confession juive mais j’aime l’école publique. Ma fille va à l’école publique, j’enseigne à l’école publique, et je défends l’école publique jusque dans ma communauté. Inutile de dire que cette dernière tente de me recruter depuis des années pour enseigner dans une école confessionnelle, ce que j’ai refusé jusqu’ici. 

Cependant, si je n’ai pas accès à un contrat à temps partiel, je serai contrainte de considérer l’offre récurrente de ma communauté, ce qui m’accommoderait sur le plan de l’horaire, puisque les cours de matières laïques sont donnés l’après-midi seulement. Je songerais même à y inscrire ma fille pour simplifier la conciliation travail-famille, puisque nous pourrions être les deux à la même école. 

J’aurais aussi les 10 journées de fêtes religieuses en congé avec solde, au lieu de les prendre à mes frais après avoir eu besoin de quémander l’autorisation de la Commission scolaire de Montréal, qui a le droit de me les refuser, sauf deux jours sans solde qui sont accordés automatiquement dans la convention collective.

Est-ce que c’est cela, la stratégie de rétention de personnel de la CSDM ? Si oui, la pénurie va perdurer durant de nombreuses années. Je songe pour la première fois de ma carrière à démissionner de la CSDM et de l’école publique. Ma décision sera prise d’ici demain à l’affichage des postes qui restent. Mais mon cœur n’y est plus.

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