En réponse au texte de Diane Parent, « Rappelons-nous le rôle de l’agronome », publié le 8 mai dernier 

Mme Parent, permettez-moi d’exprimer, ici, quelques interrogations sur certaines de vos déclarations dans un texte publié dans les médias la veille du scrutin à la présidence de l’Ordre des agronomes (OAQ).

Ma perception personnelle, en lisant votre texte, était que vous aviez un parti pris pour l’équipe en place, soit celle qui était au pouvoir au moment de votre nomination au comité sur l’indépendance professionnelle. Chacun évidemment détient le privilège d’un parti pris et c’était mon cas, en faveur de Louis Robert. Par contre, vous, dans votre rôle depuis août 2018 au comité sur l’indépendance professionnelle à l’Ordre des agronomes, n’aurait-il pas mieux valu que vous exerciez une réserve à l’exprimer si haut et si fort la veille du scrutin ?

Les principaux éléments qui ont forgé cette impression de parti pris sont les suivants : 

Vous avez noté : « Le congédiement de Louis Robert est une situation qui doit absolument être éclaircie, non pas par l’OAQ, mais par ceux au MAPAQ qui en ont décidé ainsi. » Et plus loin : « Mais si je me fie à la vision brumeuse du MAPAQ envers notre agriculture… »

Exprimiez-vous ainsi qu’il était donc inopportun que Louis Robert puisse devenir président de l’Ordre des agronomes car il fallait laisser ce soin d’éclaircissement au MAPAQ avec sa « vision brumeuse » ?

Quelques lignes plus loin, vous avez écrit : « Il faut se pencher sur l’indépendance professionnelle en privilégiant une approche inclusive, avec et non contre les membres. » Ici la question se pose : qui est celui qui a fait preuve d’une approche « contre les membres » ?

Plus loin vous avez écrit qu’il était inapproprié de « discréditer d’emblée 35 % des membres »… en les « mettant au pas », « c’est une garantie de clivage ».

Je suis tout à fait en accord avec le principe, mais je vous demanderais de préciser qui, à vos yeux, avait une attitude favorisant les clivages ?

Ces imprécisions quant à la responsabilité pouvait laisser supposer que Louis Robert en était l’auteur, d’autant plus que seuls deux candidats étaient en lice à la présidence.

Plus loin, et c’est là l’élément le plus controversé de votre texte, ce qui constitue à mes yeux un paradoxe incompréhensible : alors que vous veniez tout juste de vous prononcer contre toute forme de clivage, vous avez aussitôt après ouvert le chemin d’un clivage majeur concernant la très vaste majorité des membres de l’Ordre, soit sur l’aspect du sceau de qualité différent associé aux diplômes délivrés par les universités McGill et Laval.

Le rôle du ministre

Finalement, était-il vraiment productif d’avoir retrempé le ministre André Lamontagne dans la sauce de « ses explications contradictoires » qui n’auraient pas apporté « un début d’éclairage » en laissant supposer qu’il était seul responsable du cafouillage alors très (trop) médiatisé ?

N’auriez-vous pas pu, comme d’autres l’ont fait, imaginer que sa garde rapprochée au MAPAQ, avec sa « vision brumeuse », ait pu être première responsable de ce dérapage médiatique en ne prévenant pas suffisamment son ministre, nouvellement en poste, de la très haute sensibilité du dossier Louis Robert ?

Ne croyez toutefois pas, Mme Parent, que je sois aigri par les résultats du vote. Je m’en trouve finalement très satisfait car j’en ai conclu que ce résultat a un côté potentiellement très rassembleur. Le dénouement de cette affaire aurait toutefois pu être tout autre.

L’agronome Louis Robert, loin d’en être affaibli, en ressort dans une position beaucoup plus enviable, ce qui pourrait favoriser un débat scientifique bien plus équilibré et harmonieux qu’auparavant.

Je suis extrêmement fier et très respectueux de tous ces votes, sans exception, de tous ces agronomes qui ont saisi l’importance cruciale du moment, avec une participation record de 64 % au scrutin.

Actuellement, le plus important pour nous tous est bien davantage que la table soit mise pour une avancée considérable de l’agronomie au Québec. Une condition sine qua non reste toutefois que l’agronome Louis Robert en fasse partie. Possiblement dans un rôle nouveau, qui sait ? Son leadership et ses compétences extraordinaires viennent d’être officiellement reconnus par près de 50 % de ses pairs, qui ne peuvent être pris à tort contre quelques mandarins vraisemblablement trop près de certains lobbys.

C’est là le message principal de cette élection.

Un ministre de l’Agriculture aura rarement eu meilleure occasion de renverser la vapeur en sa faveur, lui qui porte le joug d’un régime politique du passé et qui n’a à l’évidence pas profité très longtemps de l’euphorie de l’extraordinaire victoire caquiste d’octobre 2018, à laquelle, pour tout dire, j’ai moi-même participé et que j’ai célébrée.

Le ministre Lamontagne est certainement seul, actuellement, à pouvoir restaurer un équilibre entre les parties. Ce qui nous est, à tous, plus précieux que jamais et ce dans l’intérêt premier du public, d’une agriculture durable et des agriculteurs eux-mêmes.

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