Le jeu peut rapidement passer d’un simple divertissement à une dépendance. Lorsque les pertes à répétition commencent à être vues comme un investissement, en se disant qu’un jour, « c’te machine-là va payer », on se retrouve pris dans une spirale financière.

Malheureusement, la stratégie d’investissement du gouvernement du Québec se trouve au bas de cette spirale. Avec la C Series de Bombardier, la cimenterie McInnis à Port-Daniel ou plus récemment les minières Stornoway et Nemaska, le bras financier du gouvernement semble toujours prêt à se porter garant d’un financement supplémentaire afin de « protéger le financement initial ».

Pourtant, si l’on regarde du côté des investisseurs privés, bien souvent, ils ne veulent pas toucher à ces projets même avec une perche de 10 pieds tellement ils sont risqués.

Le problème avec cette logique, c’est que chaque fois que l’on remet de l’argent dans un projet, on vient créer une justification pour en remettre plus la fois suivante.

Cimenterie McInnis

Prenons l’exemple bien documenté de la cimenterie McInnis. En 2014, le gouvernement Marois puis le gouvernement Couillard avaient annoncé une participation gouvernementale de 450 millions dans le projet alors chiffré à 1,1 milliard. À l’époque, François Legault avait critiqué le projet en disant : « J’aime bien les Gaspésiens, mais pas le gaspillage. »

En 2016, alors que le projet n’était réalisé qu’aux trois quarts, Ciment McInnis était revenue quêter l’aide du gouvernement alors qu’elle était aux prises avec des dépassements de coûts de l’ordre de 450 millions. Au bout du compte, la Caisse de dépôt avait fini par prendre une participation additionnelle de 125 millions afin que les travaux continuent malgré les dépassements de coûts gigantesques.

Malgré les bons mots de ses dirigeants, le retour sur l’investissement semble beaucoup plus bas que prévu. Un projet qui est estimé financièrement viable à 1,1 milliard ne l’est pas nécessairement à 1,5 milliard.

Malgré les efforts de la Caisse de dépôt pour trouver un repreneur en 2018, elle n’a trouvé aucun acheteur. À l’époque, certains analystes chiffraient la valeur de la cimenterie entre 700 et 800 millions, soit près de la moitié de son coût de construction. En réinjectant de l’argent pour sauver son investissement initial, Québec a simplement augmenté son risque d’investissement.

Aujourd’hui, c’est un autre projet de 1,1 milliard qui se trouve sur la sellette à cause des dépassements de coûts.

Le projet de mine et d’usine de transformation de Nemaska Lithium, dont le gouvernement du Québec est l’actionnaire principal, fait aujourd’hui face à un dépassement de coûts estimé de 375 millions, et tout indique qu’on demandera l’aide de Québec.

Malheureusement, le gouvernement Legault n’a toujours pas de position claire sur ce type d’aide. Espérons que, cette fois, le gouvernement arrêtera de se justifier en disant : « C’te mine-là va payer. »

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