Rien à dire d'intéressant cette semaine. J'ai la face dans le sirop d'érable non-stop depuis 10 jours. Et c'est terminé dans le sud de la province. C'est dimanche et tout sera décroché avant la messe de 11 h.

Bon, parlant de messe et de religion, je tente de suivre du mieux que je peux, dans la saine distance des érables, ce qui se passe avec le débat sur la laïcité. Dans les faits, ce n'est pas un débat ; ce sont deux monologues. Et c'est franchement divertissant. Pendant que certains se déchirent la chemise, - ou la blouse ; on n'oublie pas les madames -, d'autres sont prêts à brûler leur turban et leur niqab au nom de la grande liberté humaine. 

Come on. Faudrait arrêter de se regarder le nombril. 

Il est où, le problème ? 

Il est dans les détails et le flou, comme le diable. Qu'on soit d'accord ou non avec le projet du gouvernement, c'est la première fois en 10 ans que des gens au pouvoir ont le mérite de prendre position, et de faire sortir le méchant du coup. On se rend compte que même le « bon monde » a du fiel. 

Enfant, avec mon grand-père, on allait à la pêche. Et ça prenait des vers de terre. Pas question, dans ma famille, d'aller en acheter. Mon grand-père avait un genre de bâton électrique, relié à une prise extérieure, qu'il enfonçait dans la terre humide, après une pluie. Les vers de terre sortaient et on les ramassait. J'imagine qu'ils étaient électrocutés. On avait dérangé la quiétude de leur vie souterraine. 

Toujours est-il que le truc électrique me fait penser à ce projet de loi ; il fait sortir tout le monde de son tunnel. Et je trouve ça beau. 

Le monde a changé. That's it. On doit composer avec les migrations. Et parfois, de temps en temps, il faut encaisser les coups du changement. Parce qu'à la base de nous, individus et société, c'est la peur de changer qui définit beaucoup nos valeurs. 

On commence à peine à prendre conscience que la Déclaration des droits de l'homme, et ses Nations unies, est un beau grand bateau monté (comme l'a écrit Denise Boucher dans une belle chanson). 

Ça s'applique aussi à la religion. On a appris, il y a quelque temps, que des élus ici même croient que la Terre est plate. Et je suis tombé, cette semaine, sur un extrait d'un spectacle de George Carlin (humoriste américain) qui dit à peu près ceci : il y a encore des gens qui croient qu'il y a un homme qui vit dans le ciel, et qui est déjà venu nous sauver. 

Si ça peut apparaître innocent à certains, rappelons-nous qu'on a tous été créés égaux (hé... hé...). Et que la plus grande tolérance de la galaxie sera d'accepter que des gens, en 2019, ont besoin de religion, et de ses signes, pour avancer et continuer. Ça prend énormément de bienveillance pour accepter cette différence. 

Dans les faits, vous et moi savons très bien que le Bon Dieu ne vit pas dans le ciel ou au paradis, mais qu'il est bien installé, avec bonheur, dans un logiciel et un serveur informatique du web, et que nous sommes tous ses Esprits saints. 

Le débat sur la laïcité est un combat de valeurs. Avec des charges incompatibles. Les valeurs ne changent pas aussi facilement que les idées. Alors ça va continuer de chialer et de ruer, jusqu'à ce que des mesures passives (des lois) rendent tout ça plus ou moins acceptable. Ailleurs, dans d'autres sociétés, dont l'Angleterre, c'est le contraire qu'on a voté, et on permet tous les signes en société, et ça ne semble ni mieux ni pire. Parenthèse : l'Angleterre semble avoir mieux réussi que la France l'intégration de ses immigrants. Dit en passant. 

On pourrait, en prenant le problème par le cul au lieu de la tête, espérer la disparition des religions. Puisque les signes religieux n'en sont que des conséquences. 

M'est avis que c'est dangereux de les interdire uniquement dans les espaces publics ou en position d'autorité sociale. Parce que ça va couver, en secret.

Et les rages qui se construisent secrètement sont plus néfastes, et durent plus longtemps, que celles en « pleine vue ». La religion et ses objets, rappelons-le, permettent d'accepter, à tort ou à raison, selon ses valeurs, la « misère » de vivre pour plusieurs. Pour certains, c'est les extraterrestres, et pour d'autres, encore aujourd'hui chez nous, on vient d'un homme et d'une femme qui ont fait zoum-zoum dans un verger, avec un serpent qui les surveillait.

On semble ignorer comment réconcilier les positions qui, avouons-le, sont défendues naïvement de part et d'autre. Et à court de belles manières, sauf pour ceux qui savent manier les mots et leurs formes. Mais dans le contenu, des deux bords, ça finit par être aussi ostentatoire que les objets de culte. 

Ce qui m'amène au constat troublant et scientifique (! ! !) que tout irait tellement mieux si on vivait nus ! Si je deviens premier ministre, ce sera ma première promesse électorale, étant donné que le climat se réchauffe et tout... 

Et enfin à cette inquiétante prise de conscience (avec un signe religieux) : c'est difficile en tabarnouche de vivre ensemble.

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