Pendant les années 50 et 60, le public arborait une admiration presque sans borne pour les astronautes, qui étaient vus comme les braves et héros en mesure de faire progresser la science et l’humanité. Cette adoration et cette identification étaient aussi nourries par l’ambition, principalement en lien avec la compétition qui sévissait entre l’URSS et les États-Unis pour être premier à conquérir. Cet orgueil n’a pas été que vain, puisqu’il a poussé à l’excellence et au dépassement.

Du moins, la science tentait de prévaloir sur les luttes fratricides, la violence et l’émergence de la guerre froide, toutes résultant de frictions politiques. Il est loin, ce passé d’exploits glorieux que l’on pouvait nommer et identifier en Gagarine, Shepard, Glenn et Armstrong. De fait, alors même que les prix Nobel en diverses sciences soulignent des avancées de plus en plus spectaculaires, jamais n’a-t-on senti une dissociation aussi forte entre les visées populaires (populistes ?) et la science. Le scientifique a perdu de son aura, au profit de vendeurs d’opinions souvent clivantes et non prouvées.

C’est possiblement, en partie, parce que la science est devenue plus difficile à comprendre. On est passé de la description des premiers pas sur la Lune à des concepts plus abstraits comme la plus petite particule élémentaire, le changement de la forme des ondes aux confins de la galaxie et les molécules responsables d’un processus qui mène au cancer. On n’arrive plus à lier les connaissances à des individus, à l’instar des astronautes.

La science a, nonobstant son vocabulaire hermétique grandissant, facilité la vie de l’humanité.

Elle est par contre aussi devenue une chose attendue, convenue, au service de la société plutôt que d’en être le but en visant la progression des connaissances dans un but altruiste et d’érudition.

La NASA, à la suite de l’engagement de Kennedy de mener un homme sur la Lune et de le ramener, profitait d’un budget représentant de 3 à 4 % des dépenses de l’État. Pendant ces mêmes années, le budget des National Institutes of Health a aussi été majoré, toujours dans la même mouvance de chercher à connaître plus et mieux.

Avancer pour ne pas régresser

Depuis, les gouvernements ont de plus en plus failli à proposer des leaders bienveillants et pour lesquels la connaissance et la science ont plus d’importance que le simple exercice du pouvoir pour redéfinir la société. Le financement de la recherche et développement a été dévié à la faveur de la productivité et de l’utilitaire, du nécessaire et de la rentabilité.

En effet, l’engagement direct des gouvernements en recherche s’est réduit comme peau de chagrin depuis 40 ans. On lui a préféré principalement une approche mercantile avec des crédits d’impôts offerts au secteur privé. Rappelons-nous que l’insuline a été découverte dans un laboratoire universitaire canadien financé en partie par des deniers publics. Un tel financement est maintenant considéré comme du capital de risque, et qui dit risque dit désengagement de l’État…

Il est effectivement difficile pour les citoyens d’accepter de payer des impôts et taxes à la faveur d’initiatives visant à expliquer les fondements de l’espace et de la vie quand ils ont de la difficulté à payer leurs éléments essentiels. C’est pourtant ce but social et commun de vouloir et avancer qui nous empêche de régresser. Le besoin d’apprendre et de connaître l’autre, de lui donner des soins, d’accepter de l’aide.

La connaissance ne progresse pas que par les sciences pures et naturelles, bien que ce soit celles qui profitent de la visibilité la plus grande. Les sciences sociales et économiques nous permettent aussi de faire évoluer nos organisations, nos gouvernements, nos politiques d’intégration et d’éducation.

En cette fin de sessions parlementaires et à l’occasion de bilans politiques, il est stupéfiant de noter l’absence de méthode selon laquelle on constate un état social, pour lequel on entreprend une étude pour trouver les causes, menant à une mesure de résolution que l’on teste et dont on pourrait finalement présenter les effets réellement démontrables. Par la méthode scientifique, on peut confirmer ou infirmer les effets de gestes politiques, au-delà des discours partisans. Cela ne semble pas être priorisé par les porte-étendards des budgets qui utilisent nos taxes et impôts. La preuve se veut un discours cohérent dont la conclusion n’est pas un slogan…

Le temps des Fêtes approche, toujours empreint d’un passé non laïque. Alors que les partys de Noël (on les nomme encore ainsi) prennent place dans les familles et les lieux de vie (travail, écoles, etc.), il serait intéressant de voir si le contenu en est modifié depuis la loi sur la laïcité. Les chants ont-ils été modifiés ?

Les nouveaux Québécois trouvent-ils leur place dans ces fêtes et comprennent-ils leur historique, et pas seulement leur lien religieux ? C’est le type de question que je voudrais voir abordée rationnellement en s’inspirant de la méthode scientifique.

Il faut souhaiter que la science, au service de l’évolution sociale, soit retenue comme notre façon principale d’avancer, au-delà des justifications politiques.

Il est d’usage, dans le party de Noël de mon département hospitalier, d’entendre quelques chansons traditionnelles comme le Minuit, chrétiens. Il n’est pas récité pour imposer un passé québécois, mais pour inviter à nous connaître, alors que l’assemblée est de plus en plus constituée de gens qui n’ont pas de référence personnelle à ce chant. Sans passion, je voudrais qu’on évalue les réactions à cette action, sans barrage de questions vociférantes en Chambre, sans bâillon, sans résultat préalablement désiré par nos dirigeants. Pour évoluer sainement…

Joyeux solstice d’hiver, qu’il soit pour vous lié à une référence religieuse, sociale ou intimement personnelle ! Et que 2020 permette à la science, qui a des limites malgré tout, de s’imposer comme mode privilégié d’évolution.

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