Cette semaine, le gouvernement de la CAQ dévoilera sa vision pour les services publics québécois en présentant ses propositions en vue du renouvellement des conventions collectives de tous ceux et celles qui, au quotidien, assurent les services à la population.

Pour les 150 000 travailleuses et travailleurs du secteur public membres de la CSN, les attentes sont à la hauteur des immenses besoins ; elles sont donc élevées. Et le gouvernement le sait, il le sent.

Pourtant, en entendant M. Legault s’avancer depuis quelques mois sur la question des augmentations de salaire, annonçant que nous devrons nous contenter de l’inflation, on constate avec inquiétude qu’il ne semble pas prendre la mesure de l’ampleur de la crise qui sévit dans les réseaux. Dans le contexte actuel, simplement couvrir l’inflation par des augmentations de 2,2 % la première année et de 2 % les deux années suivantes, comme annoncé par le ministre des Finances, Eric Girard, c’est nettement insuffisant.

Il en est question depuis des mois maintenant, les travailleurs des services publics sont au bout du rouleau.

La pénurie de main-d’œuvre est sans précédent, la charge de travail est devenue insoutenable, menant directement à un épuisement généralisé de ceux qui portent à bout de bras les services à la population, comme le confirment des données du ministère de la Santé et des Services sociaux et celui de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, qui montrent des augmentations de près de 25 % des coûts liés aux absences pour maladie au cours des cinq dernières années. Ce n’est certainement pas en « maintenant » le niveau actuel des salaires et en se contentant d’un statu quo du côté des conditions de travail que nous arriverons à corriger la situation. Il faut plus, beaucoup plus.

La surcharge de travail ne doit plus être la norme dans le secteur public. Bien que les travailleurs aient à cœur le bien-être de la population et que tous souhaitent bien faire leur travail, force est de constater que ça ne suffit pas. Alors que les besoins augmentent, nous n’arrivons plus à combler le manque de personnel. Le gouvernement doit procéder rapidement à des investissements majeurs pour améliorer la qualité et l’accessibilité des services. Il n’y a pas 56 000 solutions : il faut réparer ce qui a été brisé par des années de négligence en créant de nouveaux postes et en s’attaquant notamment aux problèmes criants de précarité, de santé physique et psychologique et de conciliation travail-famille-études.

Tout le problème est là : il nous faut revaloriser les emplois du secteur public pour attirer plus de travailleurs et retenir ceux qui sont en poste.

Il faut travailler sur tous les plans. Améliorer les conditions de travail ne suffira pas si nous ne donnons pas un sérieux coup de barre sur le plan salarial. Depuis des années, les salaires du secteur public accusent un retard en comparaison avec ceux de l’ensemble des salariés québécois. Les derniers chiffres publiés il y a deux semaines par l’Institut de la statistique du Québec le confirment une fois de plus, en montrant un retard salarial de 13,4 % pour le personnel des réseaux publics. Ce qui est encore plus insensé, c’est que le revenu annuel de certains d’entre nous est nettement insuffisant pour vivre décemment.

Pour cette raison, la CSN insiste sur l’importance d’une hausse significative exprimée en montant fixe dès la première année. Ce montant aurait un impact plus grand pour ceux qui gagnent le moins, ce qui viendrait corriger une situation inacceptable, soit de ne pas arriver à boucler ses fins de mois en travaillant au bien-être de la population du Québec.

D’autres pistes méritent aussi d’être explorées pour défendre la qualité des services à la population. Nous pensons, entre autres, à tous ceux qui ont subi des représailles pour avoir dénoncé des situations problématiques dans leur milieu de travail. Dans le secteur public, la question de la réputation de l’employeur n’est pas en cause, puisque cette réputation n’est pas liée à sa capacité à faire des affaires, comme dans le cas d’une entreprise privée.

La loyauté des travailleurs du secteur public est d’abord et avant tout envers les citoyens du Québec qui ont le droit de savoir ce qui va et ce qui ne va pas avec les services qui leur sont donnés. Les employés doivent donc être protégés lorsqu’ils informent la population des problèmes qui se vivent dans les réseaux publics.

M. Legault, à l’heure où il y a des dizaines de milliers de postes vacants au Québec, il est impératif que les salaires et les conditions de travail des services publics gagnent en attractivité.

Sinon, ce sont les services à la population qui en souffriront. Vous avez aujourd’hui les moyens de faire la différence : n’optez pas pour le statu quo, démarquez-vous en allant plus loin que vos prédécesseurs et démontrez à la population que, pour votre gouvernement, les services à la population sont une réelle priorité.

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