Comme c’est étrange de réaliser à quel point on peut changer dans la vie. Étrange et tellement réconfortant à la fois.

J’ai vu toutes ces publicités sur le Vendredi fou et je constate avec grand plaisir et soulagement à quel point tout cela m’indiffère désormais. Je ne me sens nullement interpellée ni concernée par les ventes, les rabais extraordinaires de toutes sortes parce que je suis maintenant capable de comprendre que je n’ai besoin de rien.

Pourtant, l’ancienne moi — il y a de nombreuses années — avait parfois cette fixation de vouloir dépenser pour « se sentir mieux ». Comme si les biens matériels allaient changer quelque chose au mal-être qui m’habitait alors.

Comme si le vêtement, la crème pour le visage ou la lampe pour le salon allaient transformer ma journée maussade en journée joyeuse.

Oui, ça me faisait un certain bien sur le coup, mais ça ne durait jamais assez longtemps pour neutraliser la culpabilité d’avoir dépensé qui venait par la suite, parce qu’il faut bien se le dire, nous dépensons souvent plus que ce que nous possédons.

En réalité, on retrouve derrière tous ces achats que nous faisons bien plus que le besoin de posséder un bien matériel. Les achats compulsifs nous aident à nous sentir en sécurité ou, devrais-je dire, à momentanément nous guérir de notre insécurité. Ils nous donnent l’illusion de nous apporter un bonheur qui, je le répète, risque de se transformer en honte et culpabilité parce qu’habituellement les gens peu sûrs d’eux-mêmes n’ont pas les moyens financiers de dépenser autant.

Une question d’équilibre

À partir du moment où on se sent mieux dans sa tête et dans son cœur, on ne voit plus ce « passe-temps » comme quelque chose de positif. Nous le voyons pour ce qu’il est : une béquille et un signe de déséquilibre.

Je ne saurais dire quand exactement le déclic s’est fait pour moi, mais je pense que ça s’est fait la journée où j’ai décidé de prendre ma vie en main et d’arrêter de me détruire à petit feu en répétant constamment les mêmes erreurs.

Cette même journée, j’ai décidé de faire le grand ménage dans mes émotions et de ne garder que celles qui me servent à avancer et à évoluer.

J’y suis aussi arrivée en me posant la question suivante : « Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? » Souvent, le temps que je prenais pour analyser la chose suffisait à faire baisser en moi l’envie de posséder celle-ci. À force de répétition, c’est devenu un acquis.

Chaque fois que j’ai eu raison de ma pulsion, j’ai ressenti une telle fierté, un tel sentiment de contrôle et de pouvoir que d’aller magasiner est devenu pour moi d’un ennui mortel. Je ne m’intéresse à rien ; je n’achète rien.

Mon rapport avec les achats est désormais tellement bien rodé que j’en arrive à même contrôler des petites dépenses futiles qui, on le sait, finissent par devenir une grosse dépense à la fin du mois. Je pense, entre autres, au café au boulot qui coûte 1,25 $ l’unité, à la galette dans la machine distributrice qui coûte 2 $ alors qu’on peut en avoir cinq pour le même prix à l’épicerie.

Je suis aussi devenue très réfléchie et créative dans mes dépenses en vêtements ou produits cosmétiques, tout comme je me suis abonnée à la bibliothèque où on retrouve un nombre impressionnant de livres, et ce, tout à fait gratuitement. Pour la lectrice assidue que je suis, c’est la caverne d’Ali Baba !

Finalement, j’ai compris que le véritable bonheur, c’est d’arriver à vivre avec le minimum et de se sentir quand même heureux.

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