Le Parti libéral du Québec (PLQ) est en pleine redéfinition. Certains, dans le parti, craignent que, en se rapprochant du dossier identitaire, il en vienne à perdre sa propre identité. Quelle absurdité !

Au contraire, en se rapprochant du dossier identitaire, le PLQ ne ferait que se rapprocher du Québec et des Québécois eux-mêmes. Car, ne l’oublions pas, ce qui distingue le Québec de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, pour ne prendre que ces exemples, ce ne sont pas les « vraies affaires », comme on appelle communément les dossiers reliés à l’économie ou aux affaires sociales. Ce sont plutôt les questions identitaires. 

En effet, il est une réalité qui ne doit pas nous échapper : c’est l’identité qui fait du Québec la société distincte que décrivait naguère Robert Bourassa. 

C’est l’identité qui façonne la spécificité du Québec, qui en a fait une société unique en Amérique du Nord.

Ceux qui redoutent que, en épousant le dossier identitaire, le PLQ ne se perde et ne devienne que la pâle copie de la Coalition avenir Québec (ou du Parti québécois) oublient que c’est le PLQ qui a lancé le « Maître chez nous », slogan qui a servi de fer de lance à la Révolution tranquille. C’est le PLQ qui, sous Jean Charest – avec la contribution, il est vrai, du Bloc québécois –, a obtenu la reconnaissance du fait que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni par la Chambre des communes, en 2006.

J’encourage vivement le PLQ non seulement à se réapproprier la question identitaire – conscient que je suis que certains me reprocheront l’usage du verbe « réapproprier » –, mais aussi à envisager la possibilité de doter le Québec de sa propre Constitution et d’adopter une loi sur l’interculturalisme.

J’aimerais d’ailleurs souligner que, en ce qui concerne la Constitution québécoise, les membres du PLQ ont déjà fait un geste significatif en ce sens en adoptant unanimement, en 2001, le rapport intitulé Un projet pour le Québec : affirmation, autonomie et leadership. En effet, un chapitre entier de ce rapport est consacré à la consolidation des valeurs québécoises et la revitalisation des valeurs démocratiques. On y trouve ni plus ni moins la recette pour l’adoption d’une Constitution québécoise, recette encore une fois déjà endossée par les membres du PLQ.

Quant à la loi sur l’interculturalisme, elle confirmerait que le choix des Québécois n’est pas celui du multiculturalisme, mais plutôt celui d’une culture dominante et émergente, celle du Québec, culture véhiculée essentiellement par la langue française, mais enrichie néanmoins, comme par osmose, de l’apport historique et contemporain des anglophones, des autochtones et des nouveaux arrivants.

Bref, le PLQ doit se redécouvrir dans toutes ses dimensions et faire désormais de l’identité « sa propre patinoire », comme on dit en politique. 

Cela implique qu’il traite de questions identitaires tout autant que de questions économiques. Certes, l’économie est essentielle, mais elle ne doit pas être l’exclusive marque distinctive ni la seule raison d’être de ce parti. D’autant plus que l’environnement et la lutte contre les changements climatiques sont, eux aussi, des domaines qui s’imposent dans l’élaboration de notre vouloir-vivre collectif tant ils sont liés à notre avenir comme collectivité, comme humanité. Sur ces questions également, le PLQ doit adopter une vision moderne et adaptée aux besoins nouveaux des Québécois. 

En réalité, nous faisons plus que jamais face, comme francophones et francophiles du nord du continent, à un devoir de mémoire évidemment, mais aussi à un devoir d’avenir. Ce dernier passe essentiellement par l’adaptation, le renouveau, la remise à jour de ce qui nous définit comme nation.

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