En réponse au texte de Jean-François Plouffe, « Psychiatrie : il y a urgence à humaniser nos hôpitaux », publié dimanche

Le texte de Jean-Francois Plouffe publié dimanche contient plusieurs fausses informations.

Travaillant depuis de nombreuses années en urgence psychiatrique, les conditions décrites pour un patient hospitalisé (et non interné) qui doit demeurer à l’hôpital à la suite de deux évaluations faites par deux psychiatres différents me paraissent totalement farfelues.

Pratiquement tous les jours, des patients très malades, instables ou dangereux pour eux-mêmes ou pour les autres sont gardés à l’hôpital contre leur gré.

Dans 99 % des cas, les raisons évaluées par les médecins sont parfaitement justifiées.

Quant aux conditions d’hospitalisation pour les patients mis sous garde en établissement, elles ne diffèrent pas de celles des autres patients, sauf que ceux-ci n’ont pas de privilège de sorties extérieures. Le port de la jaquette n’est absolument pas nécessaire.

De plus, la prise de médicaments reste la décision du patient sauf dans des cas de comportements dangereux envers le patient ou autrui. Dans ces cas, le patient sera mis à l’écart dans une salle sécuritaire, très rarement sous contention, pour une période de 5, 10, 15, 30 ou 40 minutes sous surveillance. Une offre de médicament à prendre par la bouche ou par injection intramusculaire lui sera proposée et, par la suite, il est ramené à sa chambre lorsqu’il a repris le contrôle.

Tous les patients, et certainement ceux qui ne peuvent quitter l’hôpital, reçoivent des soins de qualité.

La relation d’aide, l’empathie et surtout la disponibilité d’écoute font partie des soins offerts à tous les patients sans discrimination.

En ce qui concerne les ordonnances de traitement à la suite d’une hospitalisation sous garde en établissement, ces interventions ne sont pas courantes, mais plutôt demandées par le psychiatre lorsque le patient ne suit pas son traitement pharmacologique lorsqu’il a été prouvé nécessaire.

L’ordonnance de traitement demeure toujours la dernière option pour un patient ayant eu de nombreuses rechutes qui mettent en lumière la non-observance de traitement pharmacologique.

Malgré le manque de personnel criant, conserver la dignité d’une personne reste une priorité en santé mentale.

* Lucile Marin a travaillé 10 ans aux urgences de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle travaille maintenant aux urgences psychiatriques de l’hôpital régional de Saint-Jérôme comme infirmière clinicienne.

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