Le premier ministre Justin Trudeau a procédé cette semaine à la nomination d’un nouveau Conseil des ministres.

Au Québec, les attentes du milieu économique sont élevées. Les nouveaux ministres à portefeuille économique ont une pression additionnelle, puisqu’ils devront rapidement incarner une vision économique claire. Nos entreprises doivent sentir que leur gouvernement comprend leurs enjeux.

Comme témoin privilégié des effets de l’action gouvernementale sur l’économie, je leur propose certains chantiers prioritaires sur lesquels ils devront se pencher et auxquels ils devront apporter des réponses concrètes et structurantes.

Accélérer la productivité

C’est largement documenté, le Canada et particulièrement le Québec accusent un retard important en matière de productivité par rapport aux pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

En effet, une étude sur la productivité révélait en 2018 que dans une heure de travail, un Canadien produisait en moyenne pour 60,15 $ (à parité du pouvoir d’achat) de PIB, comparativement à 82,03 $ pour les États-Unis, 84,78 $ pour la France et 87,38 $ pour l’Allemagne.

Il y a visiblement un retard qui se creuse, et l’inversion de cette tendance devrait s’inscrire au haut de la liste des priorités du nouveau gouvernement. Comment ? En misant sur l’innovation !

En effet, celle-ci est le principal facteur de croissance économique et un déterminant majeur de la productivité. Bien que l’innovation ait longtemps été synonyme de recherche et développement, aujourd’hui, elle englobe plus largement l’adoption de technologies de pointe et l’implantation des meilleures pratiques de l’industrie.

Pénurie de main-d’œuvre

Le Canada fait face à une pénurie de main-d’œuvre importante. Quelque 434 000 postes étaient à pourvoir dans le secteur privé au pays au cours du premier trimestre de 2019. Nos entreprises sont en compétition afin d’attirer et de retenir des travailleurs. Certaines voient même des lignes de production ralenties ou, encore plus grave, fermées, faute de main-d’œuvre.

Une immigration qualifiée, des programmes de rétention des travailleurs expérimentés et des mesures visant à accélérer le virage numérique permettant de faire plus avec moins d’effectifs devraient faire partie du plan d’action du nouveau gouvernement.

Consolider la place du Québec comme chef de file en aéronautique

Le Canada s’est taillé une place de choix comme leader en matière d’aéronautique et d’aérospatiale. Montréal est la troisième capitale de l’aéronautique après Seattle et Toulouse.

Nous nous devons de miser sur cette industrie, de faire connaître nos expertises et de profiter de l’augmentation exponentielle projetée en matière d’avions commerciaux pour attirer des investissements étrangers et tirer notre épingle du jeu. En effet, Airbus et Boeing prévoient la production annuelle de plus de 2000 nouveaux avions de ligne pour les 20 prochaines années. La valeur commerciale annuelle est estimée à 200 milliards.

Le gouvernement doit s’assurer de la consolidation de l’industrie.

En effet, plusieurs PME faisant partie de la chaîne de valeur devront démontrer leur capacité à répondre aux appels d’offres des grands donneurs d’ordres en se regroupant pour faire face à la concurrence mondiale.

Soutenir l’exportation

Ce n’est un secret pour personne, notre économie est (trop) dépendante de celle de nos voisins du Sud ; une stratégie de diversification s’impose ! Il ne suffit pas de signer des accords de libre-échange. Il faut les faire vivre ! Nous apprenions récemment, grâce à une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, que le Canada tardait toujours à profiter de l’accord signé avec l’Europe.

Évidemment, le gouvernement devra s’assurer de la ratification de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, mais devra aussi accompagner les entreprises dans le développement de réseaux et de compétences en commercialisation internationale.

Faisant face à des politiques américaines protectionnistes, le gouvernement devra aider les entreprises à sortir des sentiers battus et à développer d’autres marchés pour réduire leur vulnérabilité et assurer leur croissance.

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