La lettre s’adresse aux ministres économiques du gouvernement Legault.

La pénurie de main-d’œuvre frappe l’ensemble des secteurs économiques québécois. Qu’on le veuille ou non, il manque de bras pour suffire à la tâche. Notre industrie, elle, le subit de plein fouet. C’est pourtant l’une de celles qui emploient le plus de personnes : 1,8 million de travailleurs au Canada, dont près de 350 000 uniquement au Québec, davantage que les secteurs manufacturier ou de la construction.

Les retombées économiques de notre secteur s’évaluent à 15 milliards annuellement, l’équivalent de 2,5 % de notre PIB. En contrepartie, il ressent aussi le plus les impacts de la pénurie de main-d’œuvre.

Pour notre seul secteur de l’hôtellerie, qui emploie déjà plus de 35 000 travailleurs, ce sont des milliers d’emplois supplémentaires qui devront être comblés d’ici 2035, tant en entretien ménager qu’en travail de réception ou comme aide-cuisinier. Des domaines d’emploi où nous manquons déjà cruellement de main-d’œuvre. Pourtant, ce ne sont pas les efforts qui ont été négligés dans les dernières années pour combler ce manque.

Nous avons multiplié les partenariats avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, les centres de formation professionnelle et les cégeps.

Nous avons augmenté notre promotion active auprès des bassins d’emplois québécois et établi des partenariats avec des organismes tels qu’Autisme sans limites, qui voient à l’intégration dans le marché du travail. Nous sommes actifs à l’international dans la recherche de main-d’œuvre, comme en témoignent nos partenariats avec l’Office franco-québécois pour la jeunesse, nos missions de recrutement à l’étranger ou nos ententes avec les grandes écoles européennes de formation en hôtellerie.

Une fois chaque pierre retournée, nous manquons pourtant encore et toujours de candidatures.

Des hôtels ont dû fermer des étages durant la haute saison par manque de main-d’œuvre.

Comment bien accueillir nos voyageurs lorsqu’il est ardu d’atteindre nos hauts standards et de leur fournir les services de base d’un hôtel, comme un accueil ou des chambres propres ? La conséquence directe, c’est la manne des voyageurs étrangers perdus et de l’argent qui aurait dû se retrouver dans nos coffres, et ceux de votre gouvernement. Des touristes de moins, que ce soit à Montréal, à Québec, à Rouyn ou à Gaspé, ce sont des revenus de moins pour nos commerces, nos attraits touristiques, nos restaurants. Le tourisme doit être considéré comme de l’exportation économique, mais aussi comme un vecteur de rayonnement pour le Québec.

Notre solution

Cela dit, notre industrie hôtelière entend votre message quant à l’immigration et son adéquation avec les besoins économiques. De notre côté, la solution est simple, claire et promue depuis déjà trois ans : la mise sur pied d’un Programme de travailleurs immigrants qualifiés temporaires pour l’hôtellerie, à l’instar du secteur agricole. Par cette voie, nous atteignons vos objectifs tout en comblant les besoins de notre industrie. Le ministre du Développement économique, Pierre Fitzgibbon, a avancé lui-même une solution similaire pas plus tard que la semaine dernière et nous en sommes des plus heureux.

L’Association Hôtellerie Québec avait même déjà envisagé un projet-pilote avec le ministère du Travail de la république de Maurice pour combler temporairement les besoins de main-d’œuvre dans notre secteur hôtelier. Une solution gagnante-gagnante ! Voilà un type d’alliance qui serait des plus productifs avec des pays qui cherchent des débouchés pour leur main-d’œuvre durant les saisons mortes. Notre haute saison coïncidant avec leur basse saison, cela offre potentiellement aux hôteliers québécois d’accueillir des employés qualifiés, qui maîtrisent les compétences nécessaires à notre secteur d’activité, opérationnels dès le premier jour, le tout en français.

De notre côté, tout est prêt. La solution se trouve maintenant sur la table. Nous avons déjà hâte d’y collaborer avec vous ! Il ne manque que votre appui !

* Cosignataires : Dany Thibault, président du conseil d’administration de l’Association Hôtellerie Québec ; Brigitte Gauvin, présidente de l’Association hôtelière de la région de Québec

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion