À titre de professeurs de Polytechnique Montréal, nous sommes très préoccupés par l’effet que les nouvelles modalités du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) aura sur nos étudiants, nos équipes de recherche ainsi que sur l’avenir scientifique et économique du Québec. Bien que la clause de droits acquis puisse régler le problème humain de nos étudiants actuels, le problème de fond demeure.

Dès l’implantation du PEQ, nous avons pu attirer les meilleurs talents au sein de nos équipes et de nos centres de recherche financés, entre autres, par le gouvernement du Québec. Ces étudiants diplômés s’y sont épanouis et, dans bien des cas, ils se sont parfaitement intégrés à la société québécoise. Ils sont restés ici pour continuer à bâtir le Québec de demain. 

Certains d’entre eux ont fondé des entreprises qui contribuent à l’essor économique du Québec, alors que d’autres ont intégré le marché du travail québécois, toujours en manque criant de personnel hautement qualifié. D’autres ont quitté la province, mais ont souvent gardé un lien solide avec le Québec qui les a si bien accueillis et encadrés.

C’est l’ouverture sur le monde, la poursuite de l’excellence et la mise en place de l’économie du savoir qui a fait du Québec d’aujourd’hui un endroit incontournable en sciences et en technologie. Il est clair que le PEQ a grandement contribué à cet état de choses.

Avec l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, nous nous retrouvons maintenant avec une liste restreinte de diplômes admissibles qui, dans la plupart des cas, ne correspondent pas à des études supérieures. Ainsi, l’application de cette liste aura un effet dévastateur sur notre capacité à attirer et conserver du talent.

En effet, les équipes de recherche nécessitant un personnel hautement qualifié ne pourront pourvoir leurs besoins. Par conséquent, les activités de recherche iront en diminuant, ce qui mènera à la disparition de certains domaines qui ont coûté à l’État québécois des années de développement et de planification.

De plus, la mise en œuvre de cette liste pose problème. En effet, la recherche actuelle étant ouverte et multidisciplinaire, nos domaines ne sont plus nécessairement définis par un diplôme. Un étudiant inscrit dans une discipline peut très bien être un expert dans une autre, par sa formation en recherche. Par ailleurs, la nature temporelle des études fait en sorte qu’une telle liste ne pourra jamais être réellement arrimée aux besoins économiques du Québec. Par exemple, quelle sera la situation d’un étudiant inscrit dans un domaine figurant initialement sur la liste, si ce domaine y disparaît avant la fin de ses études ?

En conclusion, nous voulons continuer à vivre, à enseigner, à faire de la recherche et à former du capital humain hautement qualifié dans un Québec prospère, dynamique et ouvert sur le monde. Les nouvelles règles du PEQ vont à l’encontre de ces valeurs et nous demandons au gouvernement du Québec de revenir sur sa décision.

* Autres professeurs de Polytechnique Montréal signataires : Jason Robert Tavares, Carl-Éric Aubin, Gabriela Nicolescu, Benoit Barbeau, François Guilbault, Marc Lavertu, Jamal Chaouki, Michel Gagnon, Aouni A Lakis, Louis Laberge Lebel, Frédéric Gosselin, Robert Legros, Samuel Bassetto, Sarah Dorner, François Leduc-Primeau, Cedric Beguin, Bruno Blais, Farida Cheriet, Michel Gendreau, Nicolas Saunier, Jérôme Vétel, Raman Kashyap, Paul Baudron, Stéphane Etienne, Tew-Fik Mahdi, Soumaya Yacout, Frédéric Sirois, Mario Jolicoeur, Sofiane Achiche, Abdellah Ajji, Éric Laurendeau, Amal Zouaq, Sébastien Le Digabel, Sophie Bernard, Yvon Savaria, Rachid Boukhili, Jean-Marc Frayet, Jonathan Jalbert, Gregory De Crescenzo, Catherine Beaudry, Lama Séoud, Ke Wu, Guy Desaulniers, Christopher Pal, Giovanni Beltrame, Antoine Legrain, Steven Chamberland, Mohamad Sawan, Louis-Martin Rousseau, Samuel Yniesta, Eduardo A. J. Ruiz, Christian Cardinal, Marie Claude Heuzey, Louis Fradette, Mohamed-Salah Ouali, Françoise Bichai, Giuliano Antoniol, Richard Gourdeau, Bruno Agard, Massimo Cimmino, E. Owen Waygood, Charles Audet, Jean Pierre David et Michèle Prévost

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